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15/02/2021

Récit de la guérison d'André des Rotours (La Liberté, 4 octobre 1876)

Nous avions déjà reproduit le récit de la guérison du jeune André des Rotours. Voici une nouvelle version du récit par une correspondante du journal La Liberté, de Fribourg, parue dans le numéro 230, du mercredi 4 octobre 1876.

Ce récit est le vingt-septième et dernier épisode d'un feuilleton consacré au Père Olivaint, martyr de la Commune.

 

La Liberté (Fribourg) 4 octobre 1876.jpg

LA LIBERTÉ – Sixième année – numéro 230. – mercredi 4 octobre 1876.

27 FEUILLETON de la LIBERTÉ.

 

LE PÈRE OLIVAINT

martyr de la commune.

 

De sorte qu’on apportait les malades dans les rues,
et qu’on les mettait sur des lits ou des paillasses,
afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre
au moins en couvrit quelques-uns d’eux,
et qu’ils fussent délivrés de leurs maladies.

(Act. des Ap. ch. V, v.5, 15)

—————

S’il est possible d’oublier ces jours horribles, c’est en pensant à tous les bienfaits qui s’obtiennent en si grand nombre sur ces tombes vénérées, et si nous en choisissons un entre tous c’est pour rentrer d’abord dans le récit de cette histoire toute consacrée au P. Olivaint, et rappeler encore une fois sa tendresse pour les enfants et sa bonté pour les mères.

Nous reproduisons la lettre qui nous est communiquée à ce sujet :

« C’est avec une vraie satisfaction que je viens vous donner les détails que vous désirez sur cette guérison miraculeuse et, si touchante, qui s’est opérée le 21 mai dernier, sur mon petit cousin des R. Je ne saurais assez vous dire je suis heureuse d’avoir pu assister à cette guérison, qui a rendu le bonheur a cette famille si tristement éprouvée par une longue et terrible maladie. J’avais vu le pauvre enfant si malade, la situation me semblait si périlleuse, ainsi que l’avait constaté le médecin , M. B., qu ‘il est impossible en le voyant revenir instantanément à la santé de ne pas reconnaître que Dieu seul pouvait faire ce prodige.

» Il y avait plusieurs mois, que cet enfant, âgé de 10 ans, était atteint d’un ramollissement de la moëlle épinière, et depuis deux mois et demi les progrès avaient été si effrayants qu’on pouvait craindre un dénouement fatal el malheureusement prochain. On le portait d’un lit sur un autre avec les plus grandes difficultés, car la jambe gauche était devenue si raide qu’un faux mouvement pouvait la casser et indépendamment de cela, l’enfant souffrait horriblement dès qu’on le remuait... Les accidents les plus inquiétants se succédaient : une cécité complète qui durait quelquefois plusieurs heures, à laquelle succédait une surdité qui durait également un temps plus ou moins long, etc. Les remèdes les plus douloureux avaient été employés ; synapismes, vésicatoires, cautérisations le long de l’épine dorsale. Rien n’avait réussi. Une carmélite , amie de madame des R…, lui conseilla de faire une neuvaine aux cinq Pères jésuites martyrs, et de faire porter l’enfant sur leurs tombaux. Le 4e jour de la neuvaine , il fut beaucoup plus souffrant , et cependant le lendemain il fut conduit à la messe que disait pour lui un abbé, ami de la famille.

» J’étais placée derrière le petit malade et, comme tout le monde, j’avais été péniblement émue en le voyant arriver, porté à bras, complètement à plat et couché sur deux chaises, un coussin sous la jambe malade. Sa pauvre petite figure était pâle et fatiguée, ses yeux éteints, ses joues creuses ; tout indiquait une extrême souffrance qui datait de loin.

Lorsque le prêtre avant l’Introït monta à l’autel, et dit ces paroles : Seigneur, nous vous prions par les mérites des saints, dont les reliques reposent ici, l’enfant tira la mère par sa robe en lui disant : Mère, je suis guéri, je n’ai plus rien : et, en effet, il remuait sa jambe et la pliait sans douleur. Il se mit à genoux à l’élévation, puis au moment de la communion, en croisant instinctivement sa jambe malade sur l’autre.

» Instantanément la pâleur avait disparu, les traits semblaient plus reposés, les yeux rayonnaient. Ce n’était plus le même enfant ! Après la messe, son père le prit par le bras dans la crainte, qu’étant resté si longtemps sans marcher il ne fût pris d’un peu de vertige. Mais cette petite contrainte le gênait, et, lorsqu’il fut arrivé près de la porte, il quitta sou père, traversa en courant la rue et le trottoir et monta dans la voiture comme s’il n’avait jamais été malade, regardant tout le monde d’un air triomphant qui faisait plaisir à voir. Le prêtre qui disait la messe, avait pour servant le frère aîné du petit malade, et le pauvre enfant avait bien de la peine à servir la messe au milieu de cette émotion. Le prêtre lui-même raconta que, pendant la messe, au moment où il manifestait l’intention, pour laquelle elle était dite, il avait éprouvé une émotion, tellement profonde, qu‘il avait pensé que le miracle devait se faire à ce moment même.

» Quand le jeune des R... fut rentré chez lui , il déjeuna avec sa famille, encore sous l’impression de ce grand événement. Puis l’enfant alla dans le jardin, courir, jouer, faire de la gymnastique comme s’il n’avait pas été malade un seul instant. Le lendemain matin, après une excellente nuit, il se levait a sept heures, et prenait ensuite une leçon de latin, la cécité et la surdité étaient donc bien loin. Le docteur B. a donné un certificat attestant que le samedi l’enfant était dans une situation des plus périlleuses, et que, le lundi, il ne restait plus trace de la maladie. Pour tous ceux qui, comme moi, ont vu apporter cet enfant si malade et dans un état si désespéré, et qui l’ont vu repartir plein de vie, de santé et de gaîté, il y a un vrai, un grand miracle accordé par Dieu à la foi si solidement chrétienne de cette bonne et pieuse famille. Une des personnes qui assistait par hasard à la messe où s’est opérée cette guérison, criait hautement au miracle, et je suis, pour mon compte, bien réellement heureuse que Dieu m’ait fait la grâce d’y assister. Je n’oublierai pas la douce et grande impression de ce moment aussi consolant que solennel et imposant.

Nous voudrions dire tout ce que nous savons, tout ce que nous avons vu et obtenu sur cette chère tombe ; mais l’autorité de l’Église semble seule destinée à raconter tout ce qui touche à son dogme et à sa gloire.

L’homme a été créé pour contempler les merveilles de la Divinité, et jusqu’à ce qu’il les voie, il se porte par un mouvement intime à tout ce qui semble en être la manifestation. C’est à la vue de ces prodiges qui frappent nos sens, que l’esprit perçoit le fil mystérieux qui rattache toutes choses à cette main invisible qui pèse sur nous et nous mène. C’est là, précisément une des plus fermes espérances de notre foi, une des plus nobles prérogatives de notre nature.

L’Église a besoin des miracles pour confondre les hérétiques successivement soulevés contre ses dogmes, et pour affermir la foi de ses enfants ; toujours ils ont été nécessaires pour manifester l’éminence de la vertu, pour faire glorifier JÉSUS-CHRIST, convertir les pécheurs, ranimer la piété, nourrir et fortifier l’espérance des biens éternels.

Ne l’oublions pas, la vie et la mort sont sœurs, elles naissent ensemble. Réjouissons-nous de cette vie du ciel ! et répétons avec saint Augustin : « Vivons ici-bas en apprentissage de cette vie mortelle où toute notre occupation sera d’aimer JÉSUS-CHRIST. » C’est lui qui disait aussi : Prier Dieu c’est la seule façon de célébrer toutes choses en ce monde.

Les courts instants d’une vie si bien remplie sont venus expirer au seuil de la bienheureuse ÉTERNITÉ promise aux vaillants combattants de la cause de JÉSUS-CHRIST.

FIN

14/02/2021

L’ÉGLISE DU JÉSUS. TRANSLATION DANS LA CHAPELLE DES MARTYRS. (1ère partie)

Nous publions le commencement du sixième chapitre des Actes de la captivité et de la mort, des RR PP Jésuites par le Père Armand de Ponlevoy. Ce chapitre ne figure pas dans l'édition originale de 1872 que nous avons consulté et dont nous avons publié le texte également.

Ce chapitre revient sur divers événements consécutifs à la mort des pères, notamment des apparitions et des guérisons.

Nous le donnons en plusieurs partie, mais il sera ensuite publié ici dans son intégralité. 

La rédaction

Olivaint 1 et 2.jpg

L’ÉGLISE DU JÉSUS.

Translation dans la chapelle des martyrs.

(1ère partie)

 

Il y a bien loin des horreurs du supplice aux splendeurs du dénouement, et cependant, pour les disciples comme pour le maître, le jour de Pâques est tout près du vendredi saint ; à peine le martyr a-t- il incliné la tête sous le glaive, qu’il la relève ceinte d’une auréole. Déjà il n’est plus question de croix, ni de sépulcre, désormais il n’y a plus que la vie dans l’éternel amour, la félicité dans le ciel et la gloire même sur la terre.

Un incident bien singulier m’initia presque immédiatement à ce nouvel état de choses.

Je venais de rentrer à Paris, aussitôt après la double catastrophe, quand je reçois une lettre d’une personne, qui m’était connue par la fermeté de son caractère et l’excellence de sa vertu. M’écrivant de l’autre bout de la France, elle me demandait avec une anxiété qui me surprit, le moment précis du martyre : « Veuillez, je vous prie, ne pas perdre de vue le prix que j’attache à savoir l’heure exacte ou le sacrifice a été consommé ; j’avais des motifs de croire que c’était entre cinq et six heures, le 26. »

Je n’étais pas en état alors de répondre à la question. Même à Paris, on ne savait pas dire l’heure, à peine le jour du sacrifice. Il y avait mille variantes dans les récits. Enfin, quand je me crois sûr du fait, je réponds et demande à mon tour pourquoi on attache tant d’intérêt à ce détail assez insignifiant. Voici la réponse :

« Le vendredi 26 mai 1871, vers six heures de soir, j’étais en train d’écrire et rien de ce que j’écrivais ne pouvait ramener ma pensée sur Paris ni sur les otages, lorsque tout à coup le R. P. Olivaint m’apparut tout souriant. Son teint, jaune ordinairement, était beaucoup plus animé et plus clair que de coutume ; il avait une expression de joie qui donnait à ses traits une beauté vraiment céleste. J’en fus tellement frappée que mon premier saisissement passé j’eus de la peine à me rappeler la figure du R. P. Olivaint telle que je la connaissais. Aujourd’hui encore j’ai des efforts à faire pour me le représenter tel que je l’avais vu la dernière fois. Les traits sous lesquels il m’a apparu se présentent toujours à mon esprit les premiers, lorsque je pense à lui.

« La conviction que le P. Olivaint montait au ciel ne me quitta plus, je crus l’entendre me dire : « Mon enfant, voyez ma joie et qu’elle vous console. » Elle me consola en effet, car une paix d’une suavité extraordinaire remplit mon cœur, qui jusqu’ici n’avait pu envisager avec résignation la pensée de perdre le P. Olivaint.

« Ce sourire qu’il m’avait jeté comme en passant avait eu sur mon cœur une action si puissante que cette mort avait cessé d’avoir ses rigueurs pour moi.

« Cette apparition était presque pour moi une certitude que le crime était accompli. Je ne l’appris en réalité que le lundi 29 mai. »

Le P. de Bengy ne tarda point à donner lui-même son signe du ciel. N’était-il pas juste qu’il l’adressât à sa mère ? Cette femme vénérable par son âge et bien plus encore par sa vertu, et vraiment digne des grandes époques, quand son frère, M. l’abbé de Champgrand, prêtre de la communauté de Saint-Sulpice, était venu lui annoncer la sanglante nouvelle du 26 mai, s’écria tout à coup : « Mon Dieu ! quel sacrifice ! Mais je suis bien heureuse. Vous voudriez me le rendre, mon Dieu, je n’en voudrais pas. » Et comme elle entendait autour d’elle des gémissements et des sanglots : « Vous n’avez pas l’esprit de foi, disait-elle à ses enfants. Vous devriez remercier Dieu. J’ai fait à Dieu entièrement le sacrifice. Point de rapine, répétait-elle, non, point de rapine dans le sacrifice. »

Cette mère était vraiment debout, appuyée sur la croix de son fils ; mais la nature ne put résister. Sur ces entrefaites, une de ses filles, Mme de Puyvallée, partait de Bourges pour Paris. Mme de Bengy lui remet une lettre à déposer sur la tombe du P. Anatole et recommande qu’on commence aussitôt à Paris une neuvaine de messes, à laquelle s’unira toute la famille, pour que la volonté de Dieu se fasse en elle à la vie et à la mort. Le dernier jour de la neuvaine, elle devait, avec tout son monde, partir pour la campagne. Cependant, comme pour se rendre plus sensible l’assistance de son fils, elle fait suspendre près de son lit une grande photographie du martyr avec une parcelle de son vêtement : « À mon chevet, dit-elle à l’ouvrier, le plus près possible de moi, il m’apprendra à bien mourir. » Et voilà que le neuvième jour, devinant elle-même qu’il est temps, elle sonne, fait appeler son confesseur, demande et reçoit les derniers sacrements, entourée de ses enfants, assistée par les frères de son fils. Mgr de la Tour d’Auvergne, archevêque de Bourges, accourt lui-même pour la bénir une dernière fois, et en entrant dans cette chambre, à la vue de ces deux figures si calmes et si sereines, qui semblent se sourire même dans la mort, il donne aussitôt le vrai mot de la situation : « C’est frappant ! s’écrie- t-il ; le fils appelle sa mère. » Le soir même, elle allait rejoindre son fils.

Après cette initiative du ciel, j’énoncerai seulement un principe. C’est Dieu lui-même, avons-nous dit, qui choisit ses martyrs ; disons-le maintenant après le Roi-Prophète, c’est lui-même aussi qui seul glorifie ses élus. Cette vérité, nous la croyons, parce qu’elle est révélée ; mais nous la voyons et la touchons à cette heure, parce qu’une fois de plus, sous nos yeux, elle s’est réalisée. Non, ici l’homme n’a rien fait ; et que pouvait-il faire ? — Pour produire un courant de vénération publique, de reconnaissance et de confiance, large, profond et permanent, il faut de nécessité celle double force motrice, la voix de Dieu et la voix du peuple. Or, l’esprit souffle où il veut, disait le Seigneur Jésus, et personne ne sait d’où il vient. Bien loin d’avoir provoqué le mouvement, j’affirme que nous avons été menés avant tous les autres.

(à suivre)

Anatole de Bengy (bis).jpg

Le RP Anatole de Bengy

Récits d'apparitions

  Poursuivant nos recherches, nous avons trouvé cet étrange article, tiré de La revue spirite de Mars 1878 qui cite un ouvrage dont nous ignorions l’existence : Les jésuites pendant la guerre (1870-1871) par l’abbé Edouard Maillard[1]. L’article propose quelques extraits ayant traits aux apparitions des Pères Jésuites après leur mort. Nous citons cet article in-extenso dans l’attente de mettre la main sur l’ouvrage du Père Maillard. Il va de soi que cela ne constitue en rien une quelconque approbation des doctrines spirites dont nous restons éloignés, pour dire le moins[2].

  Notons que le récit de l’apparition du R. P. Olivaint à la jeune personne, dont il est question ci-dessous est signalé par Charles Clair, son biographe, comme figurant page 215 des Actes de la captivité et de la mort de cinq Pères de la Compagnie de Jésus, par le R. P. Ponlevoy - mais nous n’avons pu retrouver ce passage dans l'édition originale que nous avons consulté. Ce passage a été être rajouté ultérieurement: il figure dans la onzième édition (1873), par exemple, et dans la quinzième édition de 1894, disponible sur google books en téléchargement gratuit.

La rédaction.
(revu et corrigé, pour le dernier paragraphe, le 14 février 2021)

 

[1] Maillard, Edouard : Les Jésuites pendant la guerre (1870-1871). Édité par Vve. H. Casterman, Tournai, 1875.

[2] Sur le spiritisme, nous recommandons la seule étude sérieuse sur le sujet : Guénon, René, L’erreur spirite, Les Éditions traditionnelles, Paris, 1952.

Revue Spirite mars 1878.jpg

REVUE SP1RITE – JOURNAL D’ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES

21° année. N° 3. Mars 1878. (pp. 48-51).

Les Esprits se montrent et parlent aux hommes.

Nous lisons dans l’Ostendais du 16 Janvier 1878, un article dont nous désirons donner aux lecteurs de la Revue, les passages les plus intéressants et les plus en rapport avec l’esprit de notre journal :

La Feuille d’Ostende vient de publier un article traduit du Duinengalm, dans lequel la feuille avoue à son tour que les rapports des défunts avec les vivants sont possibles. Mais elle accompagne cet aveu de plusieurs restrictions qui font hausser les épaules à tout homme de sens. Je ne m’arrêterai donc pas à ces restrictions ; je me bornerai à citer quelques réponses de personnes compétentes sur ce sujet, réponses qui nous intéressent tous plus ou moins.

Quand j’entendis pour la première fois parler du spiritisme, je ne pus m’empêcher d’en rire. Cependant, à quelque temps de là, j’eus l’occasion de lire le Livre des Esprits, écrit par Allan Kardec. La lecture de ce livre fit tant d’impression sur moi, que je ne pus m’empêcher de consulter les autres ouvrages du même auteur. Aujourd’hui, j’avoue franchement être partisan de la philosophie spirite, sans toutefois me livrer à aucune expérimentation. Je continue la lecture des livres et des Revues spirites, et je déclare formellement que le Spiritisme explique clairement, et avec arguments irréfutables, tout ce qui a trait à l’existence de Dieu et des hommes ; le Spiritisme réfute victorieusement les attaques dirigées contre lui. C’est grâce à la philosophie Spirite que je suis parvenu, à quatre reprises différentes, à arracher des aveux complets à des ministres catholiques. Le premier aveu fut l’affirmation des rapports entre les hommes et les Esprits. « Il faudrait être bien ignorant, me dit le prêtre, pour n’y pas croire. C’est la base de l’enseignement catholique. Mais l’Église seule obtient les révélations des bons Esprits. » Le second aveu fut la définition exacte de ce qu’il faut entendre par diables ou démons ; le troisième la négation de 1’existence d’un ciel et d’un enfer dans des endroits circonscrits. Ici, mon adversaire me tint ce langage : « L’Église doit menacer de peines physiques, matérielles ; elle doit employer ce mensonge, car il est salutaire. À l’exemple de Jésus-Christ elle ne dit pas tout aux hommes Ceux-ci ne comprendraient pas encore. Ce serait aussi imprudent que d’apprendre à l’enfant où il est né. » — La quatrième fois j’obtins l’aveu de la réincarnation. Jésus-Christ l’a formellement enseignée : cet enseignement se trouve en toutes lettres dans la Bible. D’ailleurs, sans la réincarnation Dieu ne pourrait prouver sa justice !...

La Feuille d’Ostende prétend que les Esprits se montrent et parlent aux hommes dans des cas extrêmement rares. C’est le contraire qui est vrai. Sur mille preuves que je puis lui fournir, je vais lui en donner une qu’elle ne récusera certes pas, car elle est fournie par des personnes qui ont bien certainement toute sa confiance. La voici :

J’ai ici devant moi un livre intitulé : Les jésuites pendant la guerre (1870-1871) par l’abbé Edouard Maillard. Ce livre se vend à Paris, librairie catholique, rue Bonaparte, 66. — On y lit : Apparition du P. Olivaint a une pieuse personne (page 111) ; le P. de Bengy appelle sa mère (page 112) ; apparition des cinq jésuites martyrs à une personne mourante (page 113.)

Voici quelques extraits de ces récits :

Apparition du P. Olivaint à une pieuse personne.

Une personne connue pour la fermeté de son caractère et l’excellence de sa vertu, écrivait du Midi de la- France au P. de Pontlevoy, quelques jours après le massacre des otages :

« Mon Révérend Père,

« Le vendredi, 26 mai 1871, vers six heures du soir, j’étais en train d’écrire, et rien de ce que j’écrivais ne pouvait ramener ma pensée sur Paris ni sur les otages, lorsque tout à coup le R. P. Olivaint m’apparut tout souriant. (Suit les descriptions des traits, etc., de l’Esprit.)… Cette apparition était presque pour moi une certitude que le crime était accompli. Je ne l’appris en réalité que le lundi 29 mai. »

Dans une lettre précédente, cette personne avait mandé au P. de Pontlevoy, qu’elle avait des raisons pour croire que le P. Olivaint avait consommé son sacrifice entre cinq et six heures le 26. C’était l’heure à laquelle il lui était apparu. Le P. Olivaint était, en effet, massacré le 26 mai, entre cinq et six heures.

Le P. de Bengy appelle sa mère.

(Fin de la lettre)… Monseigneur de la Tour d’Auvergne, archevêque de Bourges, accourt lui-même. En entrant dans la chambre, à la vue de ces deux figures si calmes et si sereines, qui semblent se sourire, même dans la mort, il donne aussitôt le vrai mot de la situation : « C’est frappant ! s’écrie-t-il ; le fils appelle sa mère ! » Le soir même elle allait rejoindre son fils.

Apparition des cinq jésuites martyrs à une personne mourante.

(Juin 1872).

... Tout à coup elle dit à la femme de chambre assise au pied de son lit : « Cécile, écartez vous ; voilà les Pères ! Je les vois !... Voici le P. Olivaint !... Il dit : Prépare-toi à la mort !... »

Elle nous fit chercher immédiatement, et nous dit ce qui venait de se passer. Elle était dans la possession la plus pleine de toutes ses facultés. À chacun de nous elle fit ses dernières recommandations, fit venir ses petits enfants et leur adressa à tous les plus touchants adieux.

Nous ne voulions croire qu’elle fut à la dernière extrémité, et, pour ne pas la fatiguer, nous nous retirâmes, ne laissant que mon père auprès d’elle. Il était quatre heures environ. Sur les cinq heures, elle me fit appeler pour un petit détail concernant la maison. Je m’agenouillai près d’elle et lui dis : « Ma chère mère, tu as donc vu les Pères ? — Oui, je les ai vus !

« Comment étaient-ils ? — Ils étaient là, près de ma cheminée, dans une auréole. Le P. Olivaint m’a adressé la parole, et puis ils ont disparu ! »

Sur les sept heures les médecins revinrent ; ma mère leur fit ses adieux : quelques minutes après, l’agonie commençait, agonie bien calme ; et à une heure du matin, elle expirait... Signé H. H.

La feuille d’Ostende désire-t-elle d’autre preuves ? Je suis prêt à les lui donner.

C. V. D. B.

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