UA-67297777-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/03/2021

L’ÉGLISE DU JÉSUS. TRANSLATION DANS LA CHAPELLE DES MARTYRS. (4e partie)

Voir la 1ère_partie, la 2e_Partie et la 3e_partie (en cliquant sur les liens).

 

 

Treport.jpg
Le Tréport (vers 1870)

 

 

L’ÉGLISE DU JÉSUS.

translation dans la chapelle des martyrs.

(4e partie)

 

J’en viens immédiatement aux guérisons qu’on peut croire miraculeuses. L’action des amis de Dieu, comme celle de Dieu lui-même, est essentiellement miséricordieuse et salutaire, et leurs prodiges ne sont que des bien faits. On y pourrait remarquer que tantôt un martyr était invoqué seul, et tantôt on les invoquait tous ensemble ; sans doute on avait connu l’un ou l’autre en particulier, ou bien on n’en connaissait aucun. Des guérisons se sont opérées également dans les circonstances et dans les contrées les plus diverses. Une fois au ciel, d’où ils dominent ce monde, les saints ont toute la terre dans leur sphère d’action, et leur influence peut être partout également présente. Ainsi nous avons constaté des cures subites et complètes obtenues sous nos yeux à Paris même ; d’autres en province, à Laval, à Limoges, à Segré, à Soissons, à Abbeville, à Villers-Cotterêts, à Charleville, à Carpentras, à Saint-Denis en France, à Clermont, à Strasbourg, à Nantes, etc. ; d’autres hors de France, en Hollande, en Angleterre, en Autriche, en Belgique, dans l’Archipel, en Amérique, en Chine, etc. Parmi toutes ces relations, nous en choisirons seulement deux, dont nous allons donner les procès-verbaux comme échantillon de toutes les autres.

Relation de la guérison de Mlle Pauline Letraistre du Tréport.

Mlle Pauline Letraistre, demeurant au Tréport, âgée de quarante-huit ans, a toujours eu une très-mauvaise santé. Dès l’âge de huit ans, elle était atteinte de la maladie de la moëlle épinière.

Depuis vingt ans, elle était constamment malade, souvent alitée, ne pouvant absolument pas marcher, obligée de subir les traitements les plus douloureux et les plus énergiques.

Il y a une quinzaine d’années environ, elle a été guérie spontanément, et l’on peut le dire miraculeusement de vomissements continuels, qui duraient depuis dix-huit mois, sans qu’aucun remède ait pu les calmer.

Dans ces neuf dernières années surtout, son état avait empiré au point que, dans ce laps de temps, elle n’avait pu que très-rarement faire quelques pas dans sa chambre ; avec l’aide de deux personnes et le soutien de ses deux béquilles, elle se traînait l’espace d’une minute, puis retombait anéantie ; alors elle se remettait au lit pour être quatre, six mois et plus sans pouvoir recommencer cet essai.

Elle avait aussi une maladie de cœur fort grave. Plusieurs fois elle a eu des accès de fièvre pernicieuse. D’autres crises avec des douleurs intolérables et reconnues très-dangereuses, se multipliaient depuis plusieurs années.

Il y a environ trois mois, elle voulut absolument essayer de marcher avec ses béquilles et l’aide de deux personnes, mais cela lui fut impossible, elle retomba sans mouvement. Désolée, malgré l’énergie de son caractère, qui l’a soutenue jusqu’ici, elle crut qu’elle ne pourrait plus jamais marcher : elle pressa de questions à ce sujet un médecin de Paris très-connu, M. Casalès, alors au Tréport, qui la soignait depuis plusieurs années, de concert avec un autre médecin. M. Casalės fut obligé de répondre : « Hélas ! je ne puis vous dire que vous marcherez !!! »

Mlle Pauline comprit une fois de plus qu’aucun moyen ne lui réussirait. Entendant parler de guérisons miraculeuses obtenues l’intercession du R. P. Olivaint, un des martyrs de la Commune, elle résolut de lui faire une neuvaine. « Mais, dit-elle, je n’y mettais pas d’empressement, j’en avais tant fait ! » Elle la commença le 26 septembre 1871. « J’engageai, dit-elle, un grand nombre de personnes à s’unir à moi, et je me trouvai bientôt tellement portée à faire cette neuvaine, que je priais le jour et la nuit sans me fatiguer. » Les premiers jours il y eut du mieux, mais le huitième, les souffrances augmentèrent ; sa confiance n’en fut pourtant pas ébranlée, et elle voulut le neuvième jour de la neuvaine, aller entendre la messe à l’église, qui est située sur une falaise fort élevée. On eut grand’peine à la descendre de voiture, et malgré son courage, elle fut contrainte de se laisser tomber sur les premières chaises du bas de l’église, ne pouvant absolument plus se soutenir. Laissons-la raconter elle-même sa guérison. « M. le curé avait eu la bonté de promettre qu’il m’apporterait le Bon Dieu au bas de l’église. La messe commence ; mais elle était à peine à moitié, qu’une pensée s’empare de mon esprit : Je me dis : je ne veux pas que le Bon Dieu se dérange, je veux aller le trouver. Je prends mes béquilles, on arrive pour m’aider, je monte vers la chapelle de la sainte Vierge, où l’on disait la messe ; au moment de la consécration, je me mets à genoux ; je monte avec mes béquilles pour recevoir la sainte communion, et après mon action de grâces, je suis descendue au bas de l’église sans peine et presque sans me soutenir sur mes béquilles ; je sentais que j’étais guérie, et si je n’avais eu peur de tomber devant tout le monde et dans l’église, je les aurais mises sous mon bras pour retourner à la voiture. Arrivée à la maison, j’ai jeté mes béquilles à terre, et j’ai marché, et depuis lors, je marche. » Elle sortit sur le quai, et chacun de s’extasier, de s’écrier : « C’est merveilleux !! »

Mlle Pauline Letraistre qui avait désiré obtenir par cette neuvaine de pouvoir marcher pour aller à l’église, visiter les malades et vaquer à son commerce, consentait volontiers à toujours souffrir, si telle était la volonté de Dieu. Dieu l’avait exaucée ; car elle marchait, et ses souffrances étaient grandement diminuées sans avoir complétement cessé. On commença aussitôt une seconde neuvaine en action de grâces et pour demander le rétablissement complet de sa santé.

(13 octobre.) Le dernier jour de cette neuvaine, Mlle Pauline alla à pied à la messe, en revint, fit plusieurs visites pieuses, ses souffrances cessèrent, son sommeil devint très-bon. Cet heureux état continue, Mlle Pauline vaque à toutes ses occupations ; chacun s’étonne de sa résurrection et crie au miracle, on vient des alentours pour s’assurer de ce fait merveilleux.

 

Lettre du médecin.

« Paris, le 4 novembre 1871.

« Madame..., vous me faites l’honneur de m’écrire pour me demander quelle était la nature de la maladie de Mlle Pauline, quels en étaient les progrès et quel est l’état actuel.

« Je vais m’efforcer, Madame, de satisfaire à vos questions.

« L’opinion des médecins, qui, à diverses périodes de la maladie ont été appelés auprès de Mlle Pauline Letraistre, n’a pas toujours été la même, et la nature de l’affection n’a pas été déterminée dès le principe. Elle avait le caractère d’une paralysie des membres inférieurs, et dans l’origine on a craint une maladie organique de la moëlle épinière ; plus tard, cette idée s’est modifiée, et les divers confrères qui l’ont vue dans ces dernières années, se sont généralement accordés à admettre une affection que l’on désigne sous le nom d’atonie locomotrice. Cette maladie avait présenté des phases diverses et subi des variations remarquables. Sous l’influence de certaines médications, elle paraissait quelquefois s’améliorer au point de faire pressentir une guérison. La malade, qui gisait étendue sur un lit, sans pouvoir faire d’autre mouvement que ceux de lever difficilement les jambes et se retourner avec peine, arrivait à pouvoir se lever et se servir de béquilles pour parcourir ses appartements ; mais bientôt survenait une affection intercurrente qui forçait la malade à reprendre son lit, et l’on perdait en quelques semaines le bénéfice de plusieurs mois de traitements.

« L’an dernier l’affection s’était compliquée d’une faiblesse qui me donna les plus sérieuses inquiétudes : toutefois une médication stimulante remonta l’organisme, lui rendit son énergie et son impressionnabilité, mais sans apporter de changement ni d’amélioration à la forme paralytique de la maladie.

« Aujourd’hui Mlle Pauline se lève, marche, se promène dans les rues, et bien que la santé générale laisse à désirer, ne paraît plus se sentir de la maladie qui l’a tenue plusieurs années étendue sur un lit.

« Tel est, Madame, le sommaire très-abrégé des faits aussi exacts que possible que vous me demandez de vous raconter. La guérison aussi rapide qu’inespérée de Mlle Pauline est, très-certainement, un fait des plus remarquables, quelle que soit l’interprétation qu’on veuille lui donner, et sur ce point, je vous demande la permission de réserver absolument mon appréciation ; mais je n’hésite pas à reconnaître que la guérison s’est produite au moment où aucune médication n’était pratiquée.

« Veuillez, Madame, agréer, etc. »

Nous avons entre les mains une autre relation de la guérison de Mlle Letraistre, écrite par M. le curé du Tréport ; pour éviter des redites, nous nous contenterons d’en publier l’extrait suivant :

« Il y a plus d’un mois, apprenant que M. le docteur Leconte, médecin ordinaire de Mlle Letraistre, se trouvait chez son ancienne cliente ; comme je désirais me rencontrer avec ce Monsieur, qui jouit d’une excellente réputation dans ce canton, où il a été nommé membre du conseil général, je me rendis chez Mlle Letraistre et demandai au médecin s’il attribuait la guérison de sa malade à l’efficacité de ses remèdes ? Il me répondit, en présence de sa femme et de Mlle Letraistre, qu’une semblable pensée ne lui pouvait venir... Qu’il avait toujours cru à l’efficacité de la prière et que cette guérison ne pouvait que le confirmer de plus en plus dans sa croyance.

« On le voit, je dis avec une grande simplicité ce que je sais, ce que je connais touchant la guérison extraordinaire de Mlle Letraistre. Et je l’affirme comme curé du Tréport où j’exerce le saint ministère depuis plus de cinq ans.

« Le Tréport, ce 26 février 1872.

« MIGUIGNON ».

(à suivre)

Treport Coquille offerte Famille Letraistre 1879.jpg

Eglise du Tréport: bénitier offert par la Famille Letraistre en 1879

 

28/03/2018

Alexis Clerc, sj - The Irish Monthly - Vol 8 - n.83 - 1880

Source: The Irish Monthly, Vol. 8, No. 83 (May, 1880), pp. 271-277 Published by: Irish Jesuit Province

The Irish Monthly vol 8 1880 (cover).jpg

ALEXIS CLERC, S.J.

BY THE EDITOR.

ENNIUS, I think, congratulated himself on having two souls because he knew two languages, Latin and Oscan. Those of us who know French ought to nourish our souls on a food which the language that we speak does not furnish in sufficient variety and abundance. We ought to read as many as we can of the holy and invigorating biographies to be found in contemporary French literature. Of these one of the latest specimens is Father Charles Daniel’s "Alexis Clerc, Marin, Jésuite, et Otage de la Commune, fusillé à la Roquette, le 24 Mai 1871." Its charm lies chiefly in the minuteness of its details and in the many extracts from Pere Clerc’s correspondence and private papers. It must not be judged, therefore, from the following summary of a few of its pages here and there.

Alexis Clerc was born at Paris on the 12th of December, 1819, and was baptised on the following day. His father had been carried away by the evil principles which have done so much harm to the middle class of Paris especially; and this made still sadder the loss which he suffered when thirteen years old in the death of his pious mother. The years of his education in state schools and at the University led him farther and farther from the practice of religion. One of his old school-fellows says he was distinguished for his gaiety of character and "sa facile intelligence de l’x" – that is to say, his devotion to unknown quantities, his success in mathematical studies. When the time came for choosing a calling in life, he selected the navy, and began by taking his place as a midshipman on board the Triomphante, which sailed from Brest, for the Southern Ocean, on the 22nd of October, 1841. At this time his thoughts were far away from Mary, Star of the Sea, and from her Divine Son; but the first strong impulse of grace came upon him during his first voyage when he was struck with the effects wrought by Christianity among the natives of the Gambier Isles. A good young comrade, Claude Joubert, with whom he became intimate on board the Charte, and who afterwards died during his preparation for the priesthood, was another instrument used by God for his conversion; but the process was slow and was to stretch still over many years.

The frigate La Charte, which we have just named, brought Clerc home to France, after four years’ service, during which he had seen Brazil, Chili, Peru, the Marquisas, the New Hebrides, and many other "foreign parts," and had reached his twenty-sixth year. He spent in France, partly in Paris, and partly at Toulon, the months between October, 1845, and May, 1846, without resuming or rather beginning the practice of religion, yet drawing nearer to the decisive step. The book which had the largest share at this crisis in convincing his intellect was the Démonstration Évangélique of Duvoisin.

In May, 1846, he sailed for the African station in the war steamer Caiman, of which the chief duty was to hinder the slave trade; and it was on the African coast that he himself made good his escape from the slavery of sin and unbelief. He made his general confession to one of the missionaries to the kingdom of Dahomey and received Holy Communion for the first or almost the first time. Writing to his brother, who was a year or two older and who became a practical Catholic about the same time, he thinks of the mother they had lost when he was a boy of thirteen years. “Il nous faut aller tous vers une pauvre sainte femme qui nous tend les bras là-haut. Elle nous appelle, pour sûr, de tous ses efforts." This great event took place on his 27th birthday. He takes note of this in telling the good news to Claude Joubert "J’ai reçu l’absolution, presque moment pour moment vingt-sept ans après ma naissance."

In the letter from which we take this phrase an illustration is given of the accelerated force and speed of the passions when once yielded to, which we may try to turn into English. "Man’s soul is like a stone planted firmly on the side of a mountain. Shake it little by little, make it at last with great difficulty give but one turn, it will continue to roll down of its own accord, slowly at first, and perhaps you could still stop it; but soon its course becomes impetuous, no obstacles can any longer stay its progress, it clears them all with huge leaps which increase still more its rapidity; it crushes, it drags down everything that it meets, and at last flings itself as if with ever-increasing fury into the depths of the abyss."

After his return from the African coast M. Clerc was stationed at Lorient. His confessor when at Paris was Monseigneur de la Bouillerie, then Vicar-General of Paris, since Bishop of Carcassonne and Coadjutor to the Archbishop of Bordeaux[1]. We name him, not only out of gratitude for his patient kindness towards this returned prodigal, but also out of gratitude to the author of a most devout and engaging little book which has gone through nearly fifty editions – "Méditations sur l’Eucharistie." From this date, while devoted more steadily than ever to his profession and while keeping up his jovial character with his comrades, Alexis Clerc declared himself frankly and firmly, but modestly, a practical and uncompromising Catholic. Of all books in the world the one that he chose as his constant companion henceforth was the Summa Theologica of St. Thomas Aquinas. The late Encyclical of Leo XIII., Æterni Patris, would have been a joy to his heart; for he never faltered in his allegiance to the Angelic Doctor; and from the prison which his native Paris has in store for him, we shall see him begging for two books as solaces for his captivity – the Bible and the Summa.

I do not recollect who wrote the lines, or of whom they were first written, but they are applicable to the uneventful lives of many who are known to posterity only through their writings:—

"That he was born, it cannot be denied;
He ate, drank, slept, wrote deathless works – and died."

Substituting for the "I deathless works" good works of another kind, which in their effects and in their rewards are more surely immortal, this couplet holds true of many saintly and many holy and useful lives, such as the one now before us, to which another couplet of about the same date may also be applied with a special meaning:

"He taught us how to live, and-oh! too high
The price of knowledge ! – taught us how to die.

For indeed Father Clerc’s Life would hardly have been written, even in France, but for the strange death which was to bring it to a close. To the chain of graces, of which this heroic death was the last link,  God went on adding link after link during the years which Alexis Clerc continued to spend in the difficult circumstances in which the grace of the conversion had found him out. In spite of certain leanings towards the religious state, Father de Ravignan advised him, after a retreat made at the Rue de Sèvres, to persevere still in the naval profession. A voyage to China and Japan in the Cassini, chiefly undertaken for the advantage of the Chinese missions, occupied several years. The history of these years includes several most touching accounts of the conversions which the brave young lieutenant wrought by word and example, furnished by the midshipmen themselves amongst whom he exercised this novel apostleship. Here, as all through this book, the vivid interest of Père Daniel’s pages is due to the very minute and simple details which he ventures to divulge, but always with good taste and discretion. A mere naming of persons and places would not serve our purpose; so we pass over this very meritorious part of our friend’s life, as also the humble, prudent, and persevering zeal with which he devoted himself to every sort of good work, especially as a member of the Society of St. Vincent de Paul, while on the home stations at Brest and at the mouth of the Loire.

We have called him our friend, for we spent two years in close intimacy with him at Laval about five years before his death. We are able to confirm the testimony given in the book on which this sketch is founded, to the simplicity, kindness, cheerfulness, and quiet power of his amiable and manly character, as well as to guarantee the fidelity of the description of his personal appearance which might remind one a little of that Celestial Empire which had occupied so much of his working years. "Petit de taille, Clerc n’était pas beau, du moins dans le sens grec du mot, et son visage aux contours anguleux aurait offert un modèle assez ingrat à la statuaire. L’extrême mobilité de ses traits trahissait sur l’heure toutes ses impressions; son œil de feu et sa voix vibrante annonçaient une âme aussi enthousiaste qu’énergique."

But Pere Clerc was already Père Clerc and had been in the Society of Jesus before that sojourn at Laval to which we have just referred. After his last long "campagne" – which refuses to be translated into campaign and which extended over three years and a half – he threw up his naval commission and entered the Jesuit noviceship at St. Acheul near Amiens, there carrying out with literal fidelity the resolution he had written down on paper after a little retreat made the year before at Zi-Ka-wei in China: "After a very few days at Paris I will go to the novitiate which shall be assigned to me." But it will edify the reader to give the reasons that led up to this very practical conclusion. Lieutenant Clerc, in his retreat near Shanghai, put three questions to himself and set down the pros and cons in parallel columns, the cons being placed on the left. However, as the left column after the first two or three lines is a complete blank, and as our printer – like nature in the old philosophy – "abhors a vacuum," we weld the answers together and abandon the tabular form. The first question is, "Must I aim at religious perfection?" "It is not necessary to salvation, but it is much safer. It is perhaps above my power to persevere; but nothing is impossible to God, and the days slip past one by one. If my courage should fail in an enterprise which is not necessary, it will be rendered more feeble for what is absolutely necessary; but not to undertake it at all after taking it into consideration, is to be beaten without a battle. To strive after perfection is nobler and more agreeable to our Lord. The interior voice of conscience which reproaches us for relaxations which are not sins, is the voice of our Lord jealous for my perfection. Our Lord loathes lukewarm souls. He to whom more has been pardoned ought to feel more gratitude. Therefore I must and will strive after religious perfection." He next proposes to himself the question, whether in order to devote himself to the pursuit of perfection he ought to enter the religious state; and he decides in the affirmative by fourteen reasons against one. And finally he determines to try and entitle himself to the two initials affixed to his name in the heading of this sketch, for six reasons which in other circumstances might well have justified another choice, one of them being that "Ia Compagnie a pour le salut et la perfection de ses enfants les plus admirables et minutieuses solicitudes."

The first of these admirable means provided in the most minute details by the new spiritual Mother, into whose arms Alexis Clerc had thrown himself, was to bury him for two years in the happy hidden life of the novitiate. The fervour and thoroughness with which he began he maintained to the end. When he was just forty years of age he was ordained priest, though his study of dogmatic theology, instead of being hastened on; had to be postponed in order that his practical experience and mathematical knowledge might be turned to account in the famous school of St. Genevieve in the Rue Lhomond which some will recognise better by its old name of the Rue des Postes. And yet, this ex-officer of the French navy, now a priest of 44 years of age, spends four full years in theological studies, going through the routine of class-work with all the docility, punctuality and earnestness which might edify us in a student under age for subdeaconship.

Both before and after this period of theological training Father Clerc had many opportunities of satisfying the yearnings of his priestly zeal by working for the direct sanctification of souls. Yet not only before but also after these four years at Laval, his chief work was the preparing of classes for the governmental examinations, especially in connection with his old department, la marine. In protesting against the Ferry Law, the ex-pupils of the École-Saint-Geneviève told the Deputies lately that their beloved school had in the twenty-five years of its existence passed in these and similar public examinations 2,283 candidates. Modestly and solidly Alexis Clerc did his share of this hard, wasting work, exercising on many souls, meanwhile, a holy influence, to which most beautiful and affecting testimonies are given in Pere Daniel’s book, generally in the words of the young men who were the objects of his untiring and affectionate zeal.

Father Clerc was fifty years old when he was sent, in October, 1869, to Laon, to go through the Third Year of Probation, which, coming after studies and priesthood, is intended to finish the spiritual training begun in the two years’ noviceship. He was often heard to congratulate himself that “un vieux comme lui, " an old fellow like him," should enjoy so great a privilege. In one of his notes of meditation at this time he imagines our Lord giving to him as his motto, device, and watchword: Pro corde meo, per ipsum cor meum, et cum ipso et in ipso. "For my Heart, through my very Heart and with it and in it." He made a special consecration of himself to the Sacred Heart of Jesus, saying: "Je crois que cette dévotion donne droit à une effusion immédiate du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur dans le nôtre."

When the terrible reverses of the French army at Wissemburg and Reichshoffen and the rest were leading up to the catastrophe of Sedan, the Jesuit Fathers established a military hospital at their college of Vaugirard, on the outskirts of Paris. Father Clerc was placed over it, and this gave him opportunities of the truest charity, humility, and mortification. He was afterwards desired to resume his mathematical classes; for even at that terrible time the young boys cannot be abandoned, and our Parisian schools are transferred to safer places as near as possible to the old quarters. But the dark hour of the Commune came on. Part of that awful story has been hinted at in our sketch of Father Olivaint[2], another of the martyrs of the Commune. We hope that our readers have read or will read it in full in Father de Ponlevoy’s "Acts of the Captivity and Death of the Fathers Olivaint, Ducoudray, Caubert, Clerc, and De Bengy."

Father Faber – who since the beatification of his namesake, Blessed Peter Faber, is not so easily confounded with that first companion of the founder of the Society of Jesus – the brilliant Oratorian has said that St. Ignatius, setting out bodily from Paris in search of spiritual adventures, seems tame to him compared with St. Ignatius preparing the points for his meditation, years after he had received an infused gift of prayer. And somewhat in the same way Father Alexis Clerc, calmly opening the front of his soutane to receive the bullets of his public and official assassins, seems to me less heroic than when studying, during his imprisonment as a "hostage," for his class of mathematics to which, without knowing it, he had bidden a final adieu. Certainly, among the edifying circumstances recorded of his sojourn at Mazas and La Roquette not the least striking is the persistence with which he asks from his friends outside, not only a Bible, breviary, and a Summa of St. Thomas, but also works on analytical geometry in order to prepare more perfectly – he whose mind was saturated with such studies since his boyhood – his mathematical course for his pupils after his release.

But his release came through death; and surely the " three fast friends of the great good man" were his —

"Himself, his Maker, and the angel Death."

The angel Death delivered his message seemingly in rude fashion, but in reality gently, happily, and joyfully. After a month or so of weary waiting and uncertainty, the ruffians of the Commune, seeing their last hour come, determined to massacre these innocent victims. How they did so, we have partly told already in these pages in our brief account of Father Olivaint[3]. We are unwilling to enter again into the horrible and glorious details. The Fathers died like Christian heroes – as they were. Ah! Monsieur Paul Bert, Monsieur Jules Ferry, and you, Monsieur Spuller, you would not – if you have any sense of virtue and honour – you could not feel as you pretend to feel towards the French Jesuits if you but knew intimately such souls as Alexis Clerc.

 

[1] We are correcting the spelling for « L’Orient » and « Bourdeaux » [Ed. Note 2018]

[2] The Irish Monthly, vol. vii., page 260 (May, 1879).

[3] The Irish Monthly, vol. vii., page 260 (May, 1879).

24/03/2018

Premiers témoignages sur les Otages (Le Figaro, 30 et 31 mai 1871)

Figaro_30 mai 1871.jpg

Peu de jours après ce que l’Histoire a retenu sous le nom de la semaine sanglante, le journal Le Figaro reparaît. Dans son numéro daté du 30 mai 1871, un court article est consacré aux otages qui furent fusillés durant ces terribles journées.

Dans son édition du lendemain, d’autres précisions sont apportés.

Ce sont des témoignages « sur le vif » qui manquent sans doute de recul mais qui ont toutefois le mérite de dire l’essentiel sur ces événements tragiques.

Note : les notes ont été rajoutées par nos soins.

 

aze_carphhis000443_001.jpg

Le Figaro, 18e année – 3e série – Numéro 78 – 30 mai 1871.

 

LES OTAGES

Hier, dimanche, à quatre heures du soir, ont été apportées, au palais de l’Archevêché, rue de Grenelle-Saint-Germain, les dépouilles de monseigneur Darboy et de M. l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, assassinés mercredi dernier, à la prison de la Roquette, par les hommes qui ont prétendu, à la face de l’Europe, entreprendre une œuvre de régénération et de paix.

Monseigneur Darboy avait été arrêté comme otage quelques jours après le 18 mars et enfermé dans une cellule à Mazas, à côté de l’abbé Deguerry et d’une grande quantité d’autres ecclésiastiques qui n’ont dû leur salut qu’à la rapidité de l’attaque de notre armée victorieuse. Au fur et, à mesure que les fédérés subissaient des échecs, les menaces de mort contre ces vénérables prisonniers prenaient plus de force.

Les chefs de la Commune sentaient bien qu’ils tenaient là une proie magnifique, et que l’horreur de l’exécution de personnages si considérables serait pour eux-mêmes un triomphe. C’est la théorie de Troppmann appliquée au crime politique. Aussi ceux des écrivains de la Commune qui ont montré le plus de scepticisme en poussant le peuple à l’orgie ont-ils été les premiers à demander l’exécution des deux sommités du clergé parisien. Rochefort dans son Mot d’ordre, et Vermesch, dans le Père Duchêne, ont réclamé à plusieurs reprises leur assassinat.

Dès lundi, c’est-à-dire le lendemain de l’entrée de nos troupes dans Paris, les ecclésiastiques qui étaient à Mazas ont été transférés à la Roquette. C’est de l’un d’eux, miraculeusement échappé au massacre, que nous tenons tous les renseignements que nous donnons ici.

Le voyage d’une prison à l’autre s’effectua en plein jour, dans une voiture à claire-voie, au milieu d’une foule ivre qui criait « A mort. » Il faut dire que ces menaces n’épouvantaient plus les victimes qui étaient préparées à tout. Arrivées à la Roquette, elles y passèrent deux journées assez tranquilles. On leur laissait la liberté de se voir entre elles deux heures par jour, et les geôliers qui, pour la plupart, appartenaient à l’ancienne administration, leur montraient le plus d’égards possible.

Le mercredi matin, on appela une liste de six d’entre eux, absolument comme en 93. Mgr l’archevêque était le sixième. Les six otages furent amenés le long du mur extérieur de la prison et fusillés séance tenante. C’étaient Sa Grandeur; M. Bonjean, président de la Cour de cassation ; l’abbé Deguerry ; l’abbé Allard, aumônier des ambulances ; les Pères Jésuites Ducoudray et Clair[1]. Le peloton, d’exécution se composait de trente hommes du 181e et du 206e bataillon. Les cadavres furent dépouillés et transportés à l’ancienne mairie du 20e arrondissement, où ils sont restés jusqu’à hier.

Le jeudi, aucune exécution n’eut lieu. Pourquoi ? Caprice de bandits !

Le vendredi, seize autres otages furent passés par les armes de la même façon. C’étaient MM. Benzy, Caubert et Ollivaint[2], frères jésuites ; Petit, secrétaire général de l’archevêché ; Gard, séminariste ; Seiquesay, séminariste ; Houiller et Perny, missionnaires ; Sabatier, second vicaire de Notre-Dame-de-Lorette ; Planchat, aumonier du patronage de Charonne ; l’abbé Planchat avait consacré sa vie aux sociétés ouvrières. C’est sans doute à ce titre que les communeux l’ont fait périr. Ce jour-là furent aussi fusillés trois inconnus ; M. Jecker, le banquier, le financier des bons mexicains ; plus trente-cinq gendarmes, et trois gardes nationaux réfractaires.

Le samedi, quatre ecclésiastiques dont les noms ne nous sont pas parvenus, furent encore passés par les armes[3]. Ce fut le dernier meurtre qui eut lieu à La Roquette. Vers midi, ce qui restait de prisonniers allait être exécuté par la Commune, qui avait établi son quartier général à la prison, lorsqu’à l’instigation du gardien Pinet, qui faisait partie de l’ancien personnel, ils se révoltèrent et se barricadèrent avec leurs matelas dans le fond de la prison. Ils avaient avec eux cent soldats réfractaires, qui les aidèrent à prolonger leur résistance jusqu’à cinq heures du soir.

A ce moment, les chefs de l’insurrection, pris définitivement de panique s’enfuirent vers Belleville, et les prisonniers se virent naturellement délivrés. Parmi ceux des ecclésiastiques qui sortirent alors, nous citerons Mgr Maret, évêque de Sura, et l’abbé Bécou, curé de Bonne-Nouvelle.

Hier, il restait encore à la Roquette :

Cent militaires sortant des hôpitaux, et ayant refusé de se battre pour la Commune.

Quinze ecclésiastiques.

Cinquante-quatre sergents de ville.

Ces prisonniers doivent être libres à l’heure où nous écrivons.

Le directeur de la prison était un nommé François, demeurant, 20, rue de Charonne, qui avait été, sous l’Empire, à la tête de l’affaire de la Villette, dans laquelle Eudes avait tué un pompier.

Nous avons dit plus haut que les dépouilles de Mgr Darboy et de M. l’abbé Deguerry ont été transportées hier à l’archevêché. Elles sont renfermées dans deux cercueils en chêne blanc, avec ces simples inscriptions :

Sur l’un : « Monseigneur. »

Sur l’autre : « L’abbé Deguerry. »

Au moment où nous prenions ces renseignements, on s’occupait de l’embaumement des deux victimes, et de l’installation d’une chapelle funéraire où l’on puisse célébrer la messe en attendant le jour de leurs obsèques.

Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2721681/f1.item

 

———o———

 

aze_carg048667_001.jpg

Le Figaro, 18e année – 3e série – Numéro 79 – 31 mai 1871.

 

LES OTAGES

——

LesRR. PP. Jésuites sont parvenus à retrouver les corps des cinq membres de leur Compagnie, fusillés, comme nous l’avons dit hier, les 24 et 26 mai, et dont voici les noms :

Le R. P. Pierre Olivaint, supérieur de la résidence de la rue de Sèvres ;

Le R. P. Léon Ducoudray, supérieur de l’école préparatoire de Sainte-Geneviève ;

Les RR. PP. Alexis Clerc, Jean Caubert et Anatole de Bengy.

La cérémonie funèbre aura lieu mercredi, 31 mai, à neuf heures précises du matin, dans la chapelle de Jésus, 35, rue de Sèvres.

——

Contrairement à ce qui a été dit par plusieurs journaux, M. Petit, secrétaire de Mgr Darboy, n’a pas été fusillé, il a réussi à se sauver.

Il en est de même de M. Gard, séminariste, dont, d’accord avec le rapport du Journal officiel, qu’on lira ci-après, nous annoncions hier la mort. M. Gard, emprisonné par la Commune, n’a pas été fusillé. Il avait été heureusement mis en liberté depuis un mois.

Le père Perny, missionnaire, a également pu être sauvé. Le père Houiller, mis, paraît-il, en liberté en même temps que lui, aurait disparu et on n’en aurait aucune nouvelle.

Voici le rapport du Journal officiel auquel nous faisons allusion plus haut.

Les sinistres pressentiments que faisait concevoir le sort des otages détenus par la Commune ne se sont que trop réalisés. Un instant, trop prompts à croire ce que nous désirions avec ardeur, nous avons accueilli avec joie la nouvelle de la délivrance de l’archevêque de Paris cette nouvelle était inexacte, et les scélérats qui ont inauguré leur révolte par l’assassinat des généraux Clément Thomas et Lecomte, ont couronné leur œuvre sanglante par le lâche massacre des victimes tombées entre leurs mains. Avant-hier, à la butte aux Cailles, ils fusillaient quinze frères hospitaliers qui, depuis le commencement de la campagne, avaient été des modèles de dévouement, de courage et de charité.

A Sainte-Pélagie, le même sort était réservé à plusieurs gendarmes et au malheureux M. Chaudey, ancien adjoint à la mairie de Paris, avocat à la cour de Paris, et dont la fin tragique portera le deuil dans le cœur de tous ceux qui ont pu apprécier son noble caractère et sa rare intrépidité. Il est tombé sous les coups de ceux que peut-être il avait secouru pendant le siège avec cette ardeur infatigable qui le faisait sans cesse s’oublier lui-même pour se prodiguer à ceux qui souffraient. Là ne devait pas s’arrêter la rage homicide des monstres dont le règne vient de finir.

Plus de deux cents personnes arrêtées par eux étaient retenues et gémissaient comme otages dans la prison de Mazas. Dieu seul peut savoir par quelles angoisses ces infortunés ont passé pendant leur longue captivité. Mardi dernier, ils furent extraits de Mazas et conduits à la Roquette.

Le lendemain mercredi soixante-quatre ont été égorgés dans la cour de cette maison de force ; nous transcrivons, le cœur navré, les noms de ceux de ces martyrs que nous transmettent nos télégrammes : Mgr Darboy, M. le président Bonjean, M. le curé Deguerry, l’abbé Surat, les pères jésuites Ducoudray, Clerc et Allard, les abbés Benzy, Olivaint, Caubert, Petit, Gard, Seigneray, Houillon, Polanchin.

Les autres victimes ne nous sont pas désignées. Cent soixante-neuf allaient être fusillées au moment de l’entrée de nos troupes, qui les ont ainsi arrachées à la mort. Nous pouvons encore donner sur cette lamentable tragédie aucun des détails qui devront être recueillis avec une pieuse fidélité, dans l’intérêt de l’histoire et pour l’honneur de ces glorieux martyrs dont la mémoire restera éternellement vénérée.

Nous savons cependant que le mercredi s matin au moment où les [ordres][4] de meurtre [il manque ici une ligne] ont essayé de soustraire aux bourreaux les sept premières victimes, en tête desquelles se trouvait l’illustre archevêque de Paris. Ce dernier lâchement injurié par les misérables qui allaient le frapper, est mort comme un héros chrétien, et on lui a entendu prononcer ces nobles paroles : « Ne profanez pas le mot de liberté, c’est à nous seuls qu’il appartient, car nous mourons pour la liberté et pour la foi. »

Le martyr disait vrai : lui et ses compagnons d’infortune ont péri assassinés par le plus hideux des despotismes ; ils ont déjà reçu, dans une meilleure vie, la récompense de leur sacrifice. Mais ils laissent à ceux qui, leur survivent le devoir de les venger par la punition exemplaire du forfait qui va épouvanter le monde, en même temps d’extirper jusqu’aux semences de la servitude morale qui, en abaissant les âmes, les rend, un jour d’aberration, capables de se souiller par des atrocités sans nom.

On remarquera dans ce rapport le nom de Mgr Surat : une confusion de noms nous avait fait confondre Mgr Maret, évèque de Sura, avec Mgr Surat, vicaire général du diocèse de Paris et protonotaire apostolique.

Mgr Surat et M. l’abbé Bécourt (et non Becon), curé de Bonne-Nouvelle avaient bien été délivrés le samedi 27 mai, ainsi que nous le racontions hier. Mais des renseignements conformes à ceux du rapport qu’on vient de lire et que nous avons malheureusement lieu de croire exacts, nous apprennent que les deux prêtres, saisis à une barricade voisine, y auraient été fusillés par les insurgés.

—o—

Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k272169d.item

 

[1] Pour Clerc.

[2] Pour Olivaint.

[3] Il s’agit de : Mgr Surat, vicaire général de Paris, de M. Bécourt, curé de Bonne-Nouvelle, de M. Houillon, missionnaire apostolique de Chine et de M. Chaulieu, ancien employé de la Préfecture. Ils furent fusillés après avoir tenté de s’évader de la Roquette. (Cf. Perny, Paul, Deux mois de prison sous la Commune, Paris, Adolphe Lainé, 1871.

[4] Difficilement lisible.