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12/09/2015

"In odium fidei, in odium nominis Christi Jesu"

 

portrait Leon Ducoudray.jpg

 

 

 "Car j'en ai la douce et forte confiance, si Dieu fait de nous, prêtres et religieux, des otages et des victimes, c'est bien in odium fidei, in odium nominis Christi Jesu."

 

Réverend Père Ducoudray, 16 mai 1871.

 

 

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06/09/2015

Archives : Edouard Drumont évoque l'Ecole Sainte Geneviève

Le Journal de l’Ain (61e année - N°61, du Lundi 26 mai 1879) dans la revue des journaux [en page 2] cite longuement un article d’Edouard Drumont qui évoque un moment le martyr des pères Ducoudray, de Bengy, Clerc, Olivaint et Caubert.

 

Ibant Gaudentes 2.JPG

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Dans la Liberté,[i] excellent article de M. Drumont sur les congrégations en général et les Jésuites en particulier. C’est le personnel de la rue des Postes que notre savant confrère passe d’abord en revue :

Les membres de la Compagnie sont presque tous des hommes éminents. Toutes les professions libérales sont représentées parmi eux. Le Père de Montfort, pour prendre quelques noms au hasard, est un ex-officier du génie (École polytechnique) ; le Père Turquand, un officier d’artillerie (Ec. pol.) ; le Père Jomard, un ingénieur des ponts et chaussées (E. pol.) ; le Père de Benazé, un ingénieur des constructions navales (Ec. pol.) ; le Pères Saussier est un ancien officier de marine, qui est un camarade d’École navale de notre directeur ; le Père Bernière est aussi un ancien officier de marine ; le Père de Plat a été également capitaine de vaisseau. Les Pères de Laudic, Escoffier, Fèvre sortent de Saint-Cyr ; les deux premiers ont été officiers d’état-major, le troisième lieutenant de chasseurs à cheval.

Le Père Joubert, qui a été longtemps professeur à Rollin, est docteur ès-sciences ; le Père Legouix, qui a été reçu le premier à l’École normale (section des sciences), est docteur ès-sciences naturelles ; le Père Verdier est agrégé d’histoire.

Franchement, sans être fanatique, on ne peut s’empêcher de hausser les épaules en voyant un

avocat comme M. Jules Ferry se permettre d’interdire à des pères de famille de confier leurs enfants à des tels hommes, sous prétexte qu’ils sont indignes d’enseigner. Il serait aussi équitable de dégrader le Père de Benazé qui a été nommé chevalier de la Légion d’honneur pour avoir sauvé son navire dans une expédition au pôle Nord. Le seul penseur logique dans cette question, ce n’est pas Ferry, c’est Ferré ; il ne s’est pas amusé à contester au Père Olivaint, qui avait été professeur à Charlemagne, le droit de faire rue Lhomond ce qu’il pouvait faire rue Saint-Antoine, il l’a tué…

M. Drumont nous conduit ensuite dans la cour et dans le parloir de l’établissement :

Mais revenons à l’école Sainte-Geneviève. Dans la cour à gauche, en lettre d’or, vous lisez cette inscription tirée des Macchabées : Melius est mori quam videra mala gentis nostræ et sanctorum.[ii] Ceci est la théorie ; entrez dans le parloir qui est à votre droite : et voici l’application. Sur les murs de ce parloir, vous apercevez les photographies de tous les élèves de l’école tués à l’ennemi. Les noms les plus obscurs figurent à côté des plus illustres ; ce sont, pour citer au hasard : le comte d’Adhémar de Cransac, tué à Gravelotte ; le prince de Berghes, tué à Sedan ; Robert de Kergaradec et le marquis de Suffren, tués à Reichshoffen ; Law de Lauriston, tué en Afrique ; le duc de Luynes et de Chevreuse, tué à Loigny ; Joseph Algay, tué à Orléans ; Henri Aubert, tué à Thiais ; Lionel Lepot, tué à Paris. Le total des victimes est de 86, ce qui est encore un chiffre qu’on ajouter à ceux que nous avons reproduits.

On s’arrête devant ces portraits et l’on éprouve en passant cette revue, une impression de mélancolie profonde. Quelques-unes de ces physionomies sont martiales et révèlent le soldat déjà habitué aux camps ; d’autres sont empreintes encore d’une grâce juvénile, et sous le héros laissent apparaître l’enfant. Lisez les Souvenirs de l’École Sainte-Geneviève, et dans chacune des notices consacrées par le P. Chauveau aux élèves tombés pour la patrie vous trouverez des épisodes superbes ou touchants.

À mesure que l’auteur avance dans son récit, l’émotion, une émotion toute patriotique s’empare de lui ; elle se communiquera comme d’elle-même au lecteur :

Cette visite dans le parloir est vraiment impressionnante, je le répète. Quand un vieillard vous dit, avec son bon sourire, devant ce martyrologe de l’École : « On prétend que nous ne sommes pas Français ! » on songe que beaucoup de ceux qui sont le plus acharnés contre ces patriotiques instructeurs d’une jeunesse héroïque sont eux, des Français d’hier. La France leur a fait généreusement place à son foyer, elle les a mis dans les postes que n’occuperont jamais beaucoup de ses enfants qui, de père en fils, sont sur le sol depuis cinq cents ans. Ne serait-ce pas de la simple pudeur que de laisser au moins nos pères de familles faire élever leurs enfants à leur guise ?

Dans le fond du parloir, vous découvrez la statue du P. Ducoudray, recteur de l’école Sainte-Geneviève avant le P. Du Lac, et représenté au moment où il tombe sous les balles des fédérés. Au-dessus de la porte d’entrée qui conduit aux cellules sont les médaillons du P. Caubert, du P. Alexis Clerc et du P. de Bengy. Les deux premiers sont graves et doux ; l’autre, presque souriant, comme il convient à l’intrépide aumônier militaire qui se multipliait pendant le siège et trouvait moyen d’égayer nos blessés au milieu de leurs souffrances.

C’est le 4 avril 1871, on le sait, qu’un bataillon de fédérés envahit l’École de la rue Lhomond, et demanda qu’on lui livrât les armes cachées. Pour la foule, les armes cachées sont le mot vague que les prétendus lettrés remplacent par le mot menées occultes ou agissements ténébreux. Ce sont les mêmes phrases toutes faites ; seulement l’homme du peuple, en les employant, est plus sincère. Faute d’armes qui ne se trouvèrent pas, on saisit le Père Ducoudray, le Père Anatole de Bengy et le Père Clerc, qui furent bientôt rejoints au dépôt par le Père Olivaint et le Père Caubert, arrêtés rue de Sèvres.

Ce n’est pas le cas d’employer une expression consacrée et de répéter que les détails de l’effroyable agonie de ces malheureux otages sont dans toutes les mémoires. Il paraît que dans certaines mémoires d’hommes d’État, ces horreurs exercées sur de vieux prêtres n’ont laissé que le désir de tourmenter un peu, par des voies en apparence plus légales, ceux que la Commune a épargnés !

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[i] La Liberté est un journal parisien, fondé en 1865, qui avait été racheté en 1866 par Emile de Girardin qui en fit le premier grand journal du soir.

[ii] Premier Livre des Macchabées, (III, 59). Dans la traduction latine de la Bible, disponible sur le site du Vatican, la phrase est celle-ci : « quoniam melius est nos mori in bello quam respicere mala gentis nostrae et sanctorum. » qui peut se traduire : « Car mieux vaut pour nous mourir les armes à la main que de voir les maux de notre peuple et notre sanctuaire profané. » (Traduction par le Chanoine A. Crampon, Paris, Société de Saint Jean l’Evangéliste, Desclée et Compagnie, 1923.)

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29/08/2015

Le Frere Fabien et le jeune Alexis

« Mais le grand résultat de cette campagne, c’était pour lui le rayon divin qui avait pénétré dans son âme à la vue de la mission de Gambier, rayon dont la clarté toujours croissante allait illuminer sa vie tout entière et lui découvrir la voie droite où Dieu lui-même guide ses élus.  »

In Charles Daniel, s.j.,
Alexis Clerc, marin jésuite et otage de la commune  fusillé à la Roquette, le 24 mai 1871.

 

Nous avons trouvé le texte suivant dans La semaine religieuse du Diocèse de Rouen. (12e année, n°27, Samedi 6 juillet 1878.). Ce bulletin revient sur la vie du frère Fabien (né Joseph Costes dans le siècle) décédé le 6 mai 1878. Joseph Costes rejoint la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie (la maison mère se trouvant à Paris, rue Picpus[i]). De là, il fût envoyé en mission dans les Maldives, aux îles Gambier.

Rencontra-t-il personnellement le jeune lieutenant de marine Alexis Clerc, lors de l’escale de la Triomphante, en 1842 ? Rien d’officiel  ce sujet. Mais le jeune Alexis en gardera un souvenir brûlant et, selon son biographe, Charles Daniel, « on l’a entendu souvent depuis rapporter à cette date le travail longtemps secret de sa conversion, qui aboutira, sur une autre plage, quatre années plus tard. »

Le récit de La semaine religieuse du Diocèse de Rouen est pour cela très intéressant car il offre une approche différente de celle de Charles Daniel et qui la complète heureusement.

 

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MISSIONNAIRE ET MARTYR.

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Les Pères de la Congrégation des Sacrés-Cœurs, dans le dernier numéro de leurs Annales, consacrent une notice biographique au F. Fabien Costes, qui a vécu de longues années et est mort pieusement, le 6 mai 1878, dans la mission des îles Gambier.

F. Fabien a collaboré à la conversion des anthropophages qui peuplaient ces îles, et leur a enseigné plusieurs des arts de la civilisation ; il a de plus, pour sa part et à son insu, jeté les premières semences de la vie chrétienne dans l’âme d’un jeune marin français, devenu plus tard religieux de la Compagnie de Jésus et martyr sous la Commune. C’est le P. Alexis Clerc.

L’humble Frère et le Martyr sont de cette race que l’on n’a pu, jusqu’à présent, détruire parmi nous, et qui, nous l’espérons, survivra aux efforts de l’impiété. Puisque ces deux âmes se sont rencontrées un jour, réunissons ici leurs noms et leur souvenir.

Joseph Costes exerçait l’état de menuisier dans la ville de Millau, l’une des sous-préfectures du département de l’Aveyron. Il songeait à partir pour faire son tour de France, lorsque, vers 1830, il est appelé à Mende, dans la maison de l’Adoration. Des travaux considérables de menuiserie y réclamaient un ouvrier laborieux et habile. Costes possédait à merveille ces deux qualités ; il était de plus très-bon chrétien. Le vénérable religieux qui gouvernait la maison de l’Adoration à Mende, le R. P. François Régis, avait cette intuition des âmes que Dieu a souvent donnée à ses serviteurs.

Il ne tarda pas à comprendre que Joseph Costes était plus qu’un ouvrier vulgaire. « Mon ami, lui dit-il, je crois que vous êtes fait pour notre Congrégation. — Oh ! non, monsieur, répondit le jeune homme, je viens seulement pour gagner un peu d’argent. — Vous pourrez gagner votre argent, répliqua le Père ; mais cela ne vous empêchera pas un jour d’être des nôtres. »

De fait, Dieu parla à son âme ; et lorsqu’on le pressa de toucher le salaire de son travail, il répondit que, loin de rien recevoir, il demandait humblement qu’on voulût bien lui permettre de s’offrir lui-même.

On éprouva sa vocation. Le temps venu, il put faire ses résolutions, et prit le nom de F. Fabien. De Mende, où il était resté jusqu’alors, il partit pour la maison-mère, rue de Picpus, à Paris, et fut admis à la profession religieuse le 11 avril 1833.

Au sortir de ce grand acte, par lequel il s’était engagé à Dieu et dévoué au culte des Sacrés Cœurs, F. Fabien fut désigné pour la mission des îles Gambier. Il y accompagna Mgr Étienne Rouchouze, évêque de Nilopolis et vicaire apostolique de l’Océanie Orientale, qui venait de recevoir à Rome la consécration épiscopale. Deux prêtres et deux autres frères de Picpus partaient en même temps, ainsi qu’un très-pieux séculier, M. de la Tour de Clamouze, ancien instituteur à Mende. M. de la Tour était digne, par sa vertu et ses connaissances variées, d’être associé aux religieux dont il allait devenir le dévoué et très-utile auxiliaire.

Cette troupe apostolique avait été précédée par deux Pères appartenant, eux aussi, à la Congrégation des Sacrés-Cœurs, MM. Caret et Honoré Laval. En quelle situation morale et matérielle avaient-ils trouvé les naturels des îles Gambier ? Ces pauvres idolâtres allaient nus, avaient l’habitude des vices les plus honteux, se livraient aux actes les plus atroces de l’anthropophagie. Une corvette anglaise, deux ans avant l’arrivée des Pères, relâcha aux îles Gambier pour y faire de l’eau ; le lieutenant et un matelot furent pris, tués et mangés. MM. Caret et Laval durent, à leur entrée sur cette terre de la cruauté et du vice, sauvegarder moins encore leur vie que leur vertu. Réjouis par la venue du F. Fabien et de M. de la Tour, ils se mirent avec une ardeur croissante à prêcher la bonne nouvelle, à arracher les âmes au démon, et, par la grâce du Baptême et l’Eucharistie, ils constituèrent sur ces bords, jusque-là inhospitaliers, une chrétienté où fleurirent, avec l’instruction, la piété, la mansuétude, l’intégrité des mœurs. Pendant ce temps, F. Fabien et M. de la Tour bâtissaient des églises et apprenaient aux naturels à cultiver la terre. C’était une transformation qui devait bientôt exciter l’étonnement des officiers et des matelots de la corvette française la Triomphante.

Ceux-ci abordèrent aux îles Gambier dans le courant de l’année 1842.

Parmi eux était un jeune aspirant de 1re classe. Il était né à Paris le 12 décembre 1819, avait fait ses études dans l’Université, et couronné ses travaux scolaires en subissant avec succès les examens de l’École polytechnique. Il se nommait Alexis Clerc.

Son éducation religieuse avait été complètement négligée par ses maîtres aussi bien que par son père, engagé dans les idées libérales de 1789. Sans ressentir aucune aversion contre l’Église et ses dogmes, Alexis Clerc vivait en dehors des principes et des sentiments chrétiens. Dans un grand péril qui avait mis sa vie en danger, il n’avait pas même eu la pensée de Dieu.

Telles étaient ses dispositions, lorsque son vaisseau toucha aux îles Gambier. Il en connaissait les habitants comme étant les plus sauvages et les plus sanguinaires de l’Océanie. Quelle ne fut pas sa surprise en trouvant un peuple doux, chaste, appliqué aux arts utiles !

Une belle église bâtie avec d’énormes blocs de corail que les indigènes allaient arracher aux entrailles de la mer, à cinq lieues des côtes, s’élevait à Mangaréva, la plus grande des quatre îles qui forment l’archipel de Gambier. Les architectes et les constructeurs de cet édifice étaient de pauvres religieux, aidés de leurs néophytes. C’était, pour une large part, l’œuvre du F. Fabien.

Fût-on fils de son siècle, si l’on n’a pas le parti pris de dédaigner tout ce que la religion fait et inspire, on se sent pris de respect à la vue d’un spectacle comme celui que contemplait l’équipage de la Triomphante.

Alexis Clerc ne put voir l’œuvre des missionnaires sans en ressentir une impression secrète. Il en fit part à son père dans une lettre dont voici quelques fragments :

« De Valparaiso, nous sommes allés aux îles Gambier... Deux missionnaires français s’y établirent, il y a huit ans (vers 1834), avec deux ouvriers. Ils apprirent la langue. Par les bons conseils qu’ils leur donnèrent et par leur conduite ils s’acquirent l’estime et l’affection des sauvages ; alors ils essayèrent de les convertir et de les civiliser. Il est impossible de concevoir par quels prodiges de dévouement et à quel point ils ont atteint ce but. Les naturels maintenant sont tous chrétiens ; ils sont honnêtes, bons, laborieux et très-religieux.

« Le grand prêtre, qui avait égorgé les Anglais, fut un des premiers convertis... Le roi fut plus difficile, mais il y vint, puis tout le peuple.

« Maintenant les enfants vont à l’école : il y en a deux , une pour les filles, l’autre pour les garçons. Ils y apprennent à lire, à écrire, à compter ; on leur enseigne la religion, surtout les bons principes. Les garçons y ajoutent le latin.

« Le coton vient en abondance dans ces îles. On leur a appris à le filer, à le tisser, à en faire des habits : tous les habitants sont vêtus…

« Nous passâmes trois jours dans cet heureux pays, entre autres un dimanche qui était une grande fête. Tout l’état-major, officiers, élèves et la compagnie de débarquement en armes, assista à la messe. L’église était pleine d’un peuple immense qui chantait, dans la langue du pays, une prière que les missionnaires leur ont composée. Cette harmonie simple, pleine de contrastes, me produisit une impression, comme je n’en ai pas ressenti…

« Après la messe, les missionnaires nous firent déjeuner chez eux avec le roi et le grand-prêtre. Un repas frugal nous fut offert, mais d’un si bon cœur !... Quel beau dévouement, mais quelle récompense dans un pareil résultat ! Je croyais rêver, et voir la réalité d’un chapitre des Natchez. »

Il y vit mieux qu’une brillante peinture sortie de l’imagination de Chateaubriand. Ce grand spectacle resta dans son âme, et plus tard il rapportera à cette date le travail longtemps secret de sa conversion.

Son retour à Dieu aboutit quatre ans plus tard, sur la côte africaine du Gabon.

D’indifférent en matière religieuse devenu croyant ; de croyant, chrétien fervent et zélé ; de chrétien, prêtre et membre de la Compagnie de Jésus, Alexis Clerc, en 1870, se trouvait à l’école préparatoire de Sainte-Geneviève à Paris, où précédemment il avait initié nos futurs officiers de marine à la science que l’École polytechnique lui avait apprise. Ce fut là que les fils égarés d’une génération qui a redit à satiété : Nous sommes la science, sont venus prendre, dans la personne d’Alexis Clerc, le marin serviteur de la patrie, le savant formé dans la première de nos écoles, l’homme du devoir et du sacrifice. Cet homme, il est vrai, portait la livrée de Jésus-Christ : il était religieux et prêtre. A ces titres, il fut saisi, jeté dans les cachots, demeure ordinaire du crime ; le 24 mai 1871, la Commune en fit un martyr.

Pendant ce temps, les Pères et les Frères des Sacrés-Cœurs vivaient toujours, parmi les anciens anthropophages de l’archipel de Gambier, comme au sein d’une famille paisible et unie.

C’est dans ce centre où l’Evangile a fait fleurir la vertu et qui donne des leçons d’humanité et de mansuétude à nos vieilles civilisations, retombées dans la barbarie parce qu’elles ont chassé Dieu, que l’humble menuisier de Millau, F. Fabien, devenu l’un des artisans de la grande œuvre accomplie aux îles Gambier, a vu s’écouler tranquillement les dernières années de sa vie d’apôtre.

« Sa piété simple et franche, racontent les Annales des Sacrés-Cœurs, allait droit au bon Dieu. Aussi faisait-il l’édification de tous les insulaires. L’un d’eux disait un jour que le F. Fabien était une des colonnes de la chrétienté à Mangaréva ; qu’il suffisait de le voir soit à l’église, soit au dehors, pour être fortifié dans la pratique de la religion. »

Il est mort dans la paix, s’en allant avec confiance vers le Dieu qui réserve des couronnes aux plus humbles de ses serviteurs, comme il décerne des palmes à ses martyrs.

 

mangareva-cathedrale-saint-michel-20031.jpg

La Cathédrale de Mangareva aujourd'hui

Addenda :

 http://www.cathedraledepapeete.com/pages/histoire-de-la-paroisse/histoire-generale/biographie-du-clerge/bio-bibliographie-c.html

 

COSTES Joseph (Fr fabien, s.s.c.c.)

COSTES, Joseph (Frère Fabien). (1796-1878). - Né le 13 floréal de l’An IV (2 mai 1796) à Ceyrac (Aveyron). Menuisier à Milhau, il rêve de faire son tour de France, comme compagnon. Profès chez les Pères des Sacrés-Cœurs le 11 avril 1833 ; il fera son tour du monde avec Mgr Rouchouze* qui l'entraîne avec lui en Océanie, jusqu'aux îles Gambier, où il travaillera quarante-trois ans, constructeur de presbytères et d'églises. Il installe une tissanderie où fonctionnèrent quatorze métiers. Il formera des maçons qui construiront sous sa direction l'église d'Aukena et plus tard celle de Papeete. Il est architecte, il est sculpteur, ornant les autels et les tabernacles de « fleurs de nacre » qui émerveillent les visiteurs. Il meurt le 6 mai 1878 à Mangareva.

 

Bibliographie. – Voir une notice biographique le concernant, sous la signature du Père H. Laval* dans les Annales des Sacrés Cœurs, t.4, 1878, p.618-626 ;

 

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SOULIÉ Antoine (Fr Gilbert, s.s.c.c.)

SOULIÉ, Antoine (Frère Gilbert). 1800-1863. - Frère convers picpucien. Originaire de Veyrac (Lot). Profès en 1826. Part pour l'Océanie, du Havre, le 24 octobre 1834. Catéchiste et constructeur. Passera près de trente ans attaché à la mission de Mangareva. On lui doit, avec son compagnon, le Frère Fabien, la formation de bons ouvriers maçons dans l'archipel : « qui conduisent maintenant les autres, l'équerre et le plomb à la main. » On doit aussi aux deux Frères « tous deux ouvriers de grand mérite... » la décoration en nacre du maître-autel de l'église Saint-Michel de Rikitea. « Le maître-autel est remarquable par la délicatesse et par le fini de ses ornements, entièrement formés de nacre de différentes nuances... les ornements figurent de belles grappes de raisins noirs et de raisins blancs, entrelacés de feuilles de vignes parfaitement imitées. Le tabernacle est incrusté de bouquets de roses d'un travail exquis » (Cuzent, Voyage aux îles Gambier, p.55). En 1856, Mgr Jaussen* le fait venir à Tahiti avec une soixantaine de Mangaréviens pour aider à la construction de la cathédrale de Papeete. « Nous payons un juste tribut d'éloges au directeur des travaux, le Frère Gilbert Soulié, lisons-nous dans le Messager de Tahiti (14 décembre 1856), vieillard aussi dévoué que modeste, venu de Mangareva où il réside depuis vingt-deux ans, pour conduire et diriger ses ouvriers, nous disons presque ses enfants ; car ils ont pour lui le respect et l'affection qu'on porte à un père. » Meurt le 6 juillet 1863 aux îles Gambier.

 

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http://m.cathedraledepapeete.com/pages/histoire-de-la-paroisse/histoire-generale/biographie-du-clerge/bio-bibliographie-r.html?version=mobile

 

ROUCHOUZE Mgr Étienne, s.s.c.c.

ROUCHOUZE, Mgr Étienne (1798-1843). - Vicaire apostolique de l'Océanie orientale. Né à Chazeau (Loire) le 28 février 1798. Profès dans la congrégation le 6 décembre 1817. Il est nommé, le 14 juillet 1833, vicaire apostolique de l'Océanie orientale, évêque in partibus de Nilopolis et sacré à Rome, en l'église de la Trinité-des-Monts, par le cardinal Pedicini, préfet de la Propagande, le 22 décembre 1833. Va à Londres se documenter sur la Polynésie. Quitte le Havre, sur la Delphine, le 29 octobre 1834, avec les Pères Maigret* et Cyprien Liausu* ; les frères convers Gilbert Souliè* et Fabien Costes*, et un collaborateur bénévole le vicomte de La Tour de Clamouze*. Après un mois à Valparaiso où il débarque le 19 février 1835, gagne les Gambier où il arrive le 9 mai 1835 par le Peruana. Reçu dans les îles par les Pères Caret* et Laval* et une population en voie de transformation. « Ce que Dieu opère ici tient du prodige. » Participe ou assiste aux grandes séries de baptêmes, aux autodafés des idoles, au renversement des marae, dans les mois qui suivent son arrivée. Pousse à la construction d'églises : la première église en pierre de l'Océanie, Saint-Raphaël d'Aukena, est bénie par lui le 24 octobre 1836. Favorise le développement de l'instruction, de l'agriculture et de la vie religieuse. Le tout avec des moyens matériels dérisoires et dans une pauvreté qui fait rétrospectivement frémir. Prenant souci de ses responsabilités sur toute l'Océanie orientale, il envoie le catéchiste Columban Murphy* à Hawaï en 1835 et, le 6 novembre de la même année, envoie les Pères Caret* et Laval* à Tahiti. Reçoit à Mangareva Mgr Pompalier et les premiers maristes missionnaires qui y passent sur l'Europa, en septembre 1837. L'année suivante, en septembre, accueille Dumont d'Urville* avec l'Astrolabe et la Zélée. Une messe militaire est célébrée qui laisse trace dans l'iconographie du Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie. En 1839, il va aux Marquises sur le Friend pour y installer le Père Baudichon* et cinq autres missionnaires. Quitte l'archipel en mai 1840, sur le navire de guerre français le Pylade et va aux îles Hawaï où un libre accès a été donné aux catholiques. Y reste six mois, puis pousse jusqu'en Europe. D'une grande activité pour sa mission, il obtient de sa congrégation pour l'Océanie - prêtres, frères convers ou religieuses - 24 missionnaires qu'il installe sur un brick-goélette, le Marie-joseph, dont il a fait l'acquisition et il quitte Saint-Malo le 15 décembre 1842. Le navire toucha l'île Sainte-Catherine, sur la côte du Brésil, en février 1843. Jamais plus on ne devait avoir de ses nouvelles, le navire s'étant perdu corps et biens dans des circonstances restées inconnues.

Bibliographie. – Lettre de Monseigneur l'Évêque de Nilopolis, vicaire apostolique de l'Océanie orientale à M. l'abbé Coudrin, supérieur de Picpus, N.-D. de Paix, aux îles Gambier, 27 mai 1835, 3 p., lithographié. - Lettre ... à M. Chrysostome Liausu, préfet apostolique de l'Océanie orientale, N.-D. de Paix, 28 février 1836, 4 p., lithogr. - Lettre ... à son frère Athanase Rouchouze, SS. CC., N.-D. de Paix, 20 avril 1836, 3 p., lithogr. - Les recueils lithographiés des Lettres des Missionnaires des Sacrés-Cœurs, de 1836 à 1840, contiennent des lettres de Mgr Rouchouze. - Voir également les Annales de la Propagation de la Foi, 1836, 1840, 1841. - Sur le sort du Marie Joseph, voir la même publication, 1845, p.151-153.

 

 



[i] Les Frères de la rue Picpus payèrent un lourd tribut lors de la Commune de 1871 lors des massacres de la rue Haxo

Voir : http://www.ssccpicpus.fr/article.asp?contenu_ssrub=Martyr...