UA-67297777-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/12/2017

Ecoute et docilité parfaite

Vu sur: https://evangeliser.net/lecoute-docilite-parfaite/ 

L’écoute et la docilité parfaite

2017-03-10 Geoffroy de Lestrange

 

Introduction : La difficile écoute …

…  d’un aspirant

L’abbé Clerc, jésuite, meurt, martyr de la Commune, le 24 mai 1871, à la prison de La Roquette, avec Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris et 30 compagnons. M. Clerc avait été officier naval. Le 16 mai 1871, à la prison de Mazas, il écrit une lettre en réponse à un ami qu’il a converti à bord du « Cassini » et qui l’assure de sa prière. « J’avais l’espérance que Dieu me donnerait la force de bien mourir; aujourd’hui mon espérance est devenue une vraie et solide confiance. Il me semble que je peux tout en Celui qui me fortifie. […]  Comme vous aurez une grande part à ce bienfait de la force qu’il m’aura prêtée ! » La conversion de son correspondant n’avait pas été aisée. Les raisons en étaient simples : Des notions de catéchisme, dans un environnement hostile, si bien qu’il communie pour la première fois à douze ans et demi, mais « cette première fois devait, hélas, être presque la dernière, pour un long temps du moins ». Un très fort respect humain : «  A la fête de Pâques qui suivit ma première communion, j’étais déjà profondément gâté par le respect humain, et si, à cette occasion, j’approchai une fois de la sainte Table, ce fut à l’invitation des religieuses de l’infirmerie, où je me trouvais dans ce moment, et sans doute le Dieu d’amour ne trouva plus dans mon cœur qu’une bien chétive flamme, trop refroidie déjà pour qu’Il pût l’aviver. De ce jour les ténèbres s’épaissirent de plus en plus autour de mon âme et, après avoir rougi d’abord d’un moment de naïve piété, j’en vins bientôt à me faire une misérable gloire d’afficher l’impiété par mes actes, comme par mes discours. Notre jeune homme passe du collège à l’école préparatoire, puis à l’école navale. A 19 ans, il prend la mer en qualité d’aspirant. Embarqué sur Le Cassini, le bateau compte parmi ses officiers M. Clerc, lieutenant de vaisseau. Devant ses camarades pratiquants, deux ou trois, l’aspirant proclame hautement et bruyamment son impiété. Voguant vers l’île de la Réunion, son navire porte Mgr Desprez, évêque nommé de cette île, avec plusieurs prêtres et des religieuses, et en Chine, Mgr Vérolles, évêque de Mandchourie, ainsi que plusieurs prêtres des Missions étrangères. Seul de tout le personnel, il s’abstient de participer à l’Office de Pâques, « très fier de me voir seul, parmi tant de personnes, complètement exempt de sots préjugés et courageusement indépendant. » Descendu à terre sur une des îles de la terre de Chine, il cueille pourtant des fleurs et les offre à des religieuses qui alors n’auront de cesse de prier pour lui. Au mois de janvier 1853, le vaisseau séjourne dans les eaux de Canton où monte l’abbé Girard, prêtre des Missions étrangères. Celui-ci l’engage à ne pas repousser indéfiniment la grâce divine, puis le confie au lieutenant de vaisseau Clerc. Celui-ci, un soir, alors que le bateau était à l’ancre, arrache à l’aspirant l’aveu du vide douloureux qu’il ressent souvent dans son âme, alors qu’il « prêtait l’oreille » aux leçons d’astronomie à l’école navale, et que l’immensité étoilée qu’il contemple souvent lui fait deviner « au-delà de cette matière immense, mais finie, l’Infini que mon âme avait perdu ». Il lui fait  retrouver la foi, les sacrements, la prière.

… des disciples

« Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en qui je trouve Ma joie : écoutez-Le ! » Se pourrait-Il que les trois disciples aient été distraits ? Il semble que oui. Pierre intervient dans le colloque du Seigneur avec Moïse et Elie, sans beaucoup d’attention. L’un des récits de la Transfiguration ose dire qu’ « il ne savait pas ce qu’il disait ». (Lc. 9, 33) De même, l’aspirant est, à sa manière, un distrait, au moins distrait de Dieu…

… du fidèle

Cette distraction est ce contre quoi s’élève le Père éternel. En quoi consiste cette distraction ? C’est ce sur quoi la Transfiguration nous invite à réfléchir.

  1. Les obstacles à l’écoute de Dieu…

L’injonction d’écouter reporte chacun au récit du Sinaï où Moïse reçoit la Torah et demande au peuple de la mettre en pratique. Benoît XVI dira que « Jésus est la Torah elle-même », (Jésus de Nazareth, éd. Flammarion, 2008, p. 365) qui n’est pas écouté. Il y a une nuance, en français, entre écouter et entendre. « Moïse, dit le Livre des Nombres, entendait la voix qui lui parlait du haut du propitiatoire placé sur l’arche du témoignage, entre les deux chérubins, et il parlait à l’Eternel. » (Nb. 7, 89) On peut écouter distraitement, comme Pierre, mais on ne peut pas entendre distraitement. Soit on entend, soit on n’entend pas.

  • Le premier obstacle à l’écoute est la distraction: On écoute, mais, de fait, on n’entend pas. Il arrive, évidemment que la surdité soit matérielle, mais elle est aussi spirituelle.
  • Jésus Lui-même fait face à cette surdité : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » demandent les disciples à Jésus. A quoi Il répond : « Parce qu’ils voient sans voir et entendent sans entendre ni comprendre. » (Mt. 13, 10. 13) Jésus cite Isaïe pour que Son propos soit bien clair : « L’esprit de ce peuple s’est épaissi : ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur esprit ne se convertisse et que Je ne les guérisse. » (Mt. 13, 14) En un mot, la distraction est une volonté de ne pas entendre.
  • Les disciples du Seigneur font face à cette surdité. Alors que le Père Girard s’entretient avec l’aspirant en lui commentant une lettre qu’il lui a écrite, celui-ci veut « échapper à l’influence pernicieuse » du bon Père. Quelques instants après, il lit à ses camarades réunis, en en faisant des gorges chaudes, la charitable lettre que le prêtre lui avait écrite et commentée.
  • Le deuxième obstacle est l’obstination. Le type de l’obstiné, c’est Pharaon. Le Seigneur avertit Moïse que Pharaon n’écoutera pas et ne tiendra aucun compte des prodiges qu’il fera. Il dit même que c’est Lui, le Seigneur qui « endurcira », « appesantira » et fera « s’obstiner » le cœur de Pharaon : « Moi, J’endurcirai son cœur et il ne laissera pas partir le peuple ! » (Ex. 4, 21; 7, 3 ; 9, 12 ; 10, 1, 20 et 27 ; 11, 10 ; 14, 4, 8 et 17). Le Seigneur explique dans l’Evangile comment Il procède avec les obstinés : « A tout homme qui a, l’on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. » (Mt. 25, 30)
  • Cette obstination à rejeter les grâces de Dieu est si grave que l’abbé Girard n’hésite pas à avertir l’aspirant. le Père Clerc finira par le convaincre de céder à la grâce. Mais l’aspirant avoue lui-même qu’il a été bien loin dans l’obstination.
  • Le troisième obstacle, le plus grave, c’est l’opposition. Alors que tout un vaisseau va à la Messe le jour de Pâquesl’aspirant se sent très fier de se voir seul, « exempt de sots préjugés etcourageusement indépendant. » Il a raison contre tous.
  • Le dernier obstacle, c’est la haine. Quand Jésus ressuscite Lazare, Il signe son arrêt de mort. (cf. Jean 11, 46-53) Les chefs Juifs devant ce miracle éclatant, ne se convertissent pas, mais en conçoivent une jalousie extrême, jusqu’à la haine. Ne pas voir, ne pas entendrece n’est pas dans la Bibleune simple distraction, c’est s’opposer à Dieu Lui-même.
  • « La présence de ces personnes consacrées à Dieu [à bord du bateau] irritait mon humeur antireligieuse », écrit notre aspirant. L’irritation entretenue est bien proche de la haine, dont, l’aspirant, par miracle, a été gardé.
  1. L’écoute de Dieu…

Le Père céleste « trouve [Sa] joie » en son Fils précisément parce que le Fils écoute Son Père. « Je fais toujours ce qui Lui plaît », dit Jésus. « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que Je Suis et que Je ne fais rien de Moi-même, mais Je dis ce que le Père M’a enseigné, et Celui qui M’a envoyé est avec Moi ; et Il ne M’a pas laissé seul, parce que Je fais toujours ce qui Lui plaît. » (Jn. 8, 29) L’écoute de Jésus consiste ici :

  • A ne pas avoir d’initiative propre.
  • A être comme le répétiteur du Père : « Je dis ce que le Père M’a enseigné. »
  • A faire ce qui plaît au Père.

Conclusion : L’écoute consiste en une docilité parfaite…

En un mot, l’écoute consiste en une docilité parfaite. La source en est la vénération. C’est parce que Jésus vénère le Père qu’Il lui est soumis. Cette vénération est pleine d’affection. Si Jésus, à l’agonie, préfère la volonté du Père à la Sienne, ce n’est pas tant en raison de la grandeur de Dieu, qu’en raison de Son affection pour Lui. La docilité, se laisse faire. C’est l’exemple que nous laisse :

  • Joseph. Dans un très beau vitrail de l’église N.D. de Dijon, Joseph est représenté, dormant, appuyé sur son bâton de marcheur. Il dort, mais son cœur veille, (Ct. 5, 2) attentif à écouter ce que le Seigneur, l’Invisible, lui dit en songe, lui parlant comme Il a coutume de le faire avec les prophètes : « S’il y a parmi vous un prophète, c’est en vision que Je me révèle à lui, c’est dans un songe que Je lui parle. » (Nb. 12, 6) Au fiat de Marie (Lc 1, 38) répond, sans un mot, la docilité parfaite de Joseph à tout ce qui lui est demandé : « Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit. » (Mt 1,24, Mt 2,14.21)
  • François de Sales. On faisait circuler, dans Annecy, une lettre anonyme, l’accusant de prostitution. A la porte de son évêché, on venait le menacer avec pistolets et épées, crier des chansons paillardes, jeter boue et excréments. On amenait une meute de chiens que l’on faisait hurler à la mort, afin d’empêcher son sommeil. Il commandait simplement de « fermer les portes ». Rencontrait-t-il l’un de ses détracteurs, il l’embrassait affectueusement, comme si de rien n’était. S. Jeanne de Chantal lui reprochait de trop « se laisser faire », mais il l’avait appris de Jésus Lui-même qui se « laissait faire » par la soldatesque à la Passion.

Ecouter Jésus, c’est donc se laisser faire par Dieu et par autrui. N’enseignait-il pas à tendre la joue gauche quand on était frappé sur la joue droite ?

Prions : «  Seigneur, fais-nous la grâce de T’écouter en nous « laissant faire » par Toi et par notre prochain. Amen. »

Question : Dans quelles situations vous a-t-il semblé que vous écoutiez ?

Suggestion : Aimer à se laisser faire par son prochain.

Oraison jaculatoire : « Me voici, ô Dieu, pour faire Ta volonté ! »

Les commentaires sont fermés.