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19/02/2017

A la mémoire des Otages (18 juin 1921)

Le texte suivant est paru dans le Bulletin religieux de l'Archidiocèse de Rouen, numéro 25, du 18 juin 1921.

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CHRONIQUE GÉNÉRALE

Mardi 14 Juin.

[…]

A LA MÉMOIRE DES OTAGES

Les Otages, la Semaine Sanglante, la Commune, ce sont des termes dont, pour dater de cinquante ans, la signification particulière n’est pas oubliée. Nous pensons d’autant plus aux faits qu’ils évoquent que la possibilité nous semble moins invraisemblable de les voir se reproduire. Une Commune nouvelle ? Mais n’est-ce pas ce à quoi tendent nos actuels bolchevistes ! Celle de 1871 fut odieuse ; que serait celle de demain si, pour notre malheur, elle advenait ! Les projets de Révolution recrutent une masse plus nombreuse aujourd’hui qu’en 1871. La mentalité d’une partie de la classe ouvrière est faite par une presse perverse qui souhaite à la France le sort de la Russie et veut le réaliser par les moyens chers à Trotsky et à Lénine. Si ces idées triomphaient — et la débâcle financière. économique, jointe à l’état d’amoralité qui se généralise, pourrait en être l’occasion — l’ancienne Semaine sanglante ne serait qu’une amusette d’enfants auprès du terrorisme qu’il nous faudrait subir. C’est pourquoi les souvenirs de 1871 sont utiles à rappeler. Des leçons de toute sorte s’en dégagent. Aussi bien suffit-il, pour atteindre ce but sans éveiller les passions politiques, de rendre hommage aux victimes.

Elles furent nombreuses. Quarante-cinq laïques et vingt-quatre ecclésiastiques ou religieux furent emprisonnés à Mazas, puis, du 24 au 27 mai, massacrés à la Grande-Roquette, dans une impasse voisine de la place d’Italie, et rue Haxo. Des premiers le plus connu fut le président Bonjean, ramené à Dieu dans sa prison avant de mourir par le père Alexis Clerc. Des seconds Mgr Darboy, archevêque de Paris, fut le plus illustre. Redisons un à un les noms des autres.

Mgr Surat, protonotaire apostolique, vicaire général de Paris ; M. l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine ; l’abbé Bécourt, curé de Notre-Dame de Bonne- Nouvelle ; l’abbé Sabatier, deuxième vicaire de Notre-Dame de Lorette ; l’abbé Houillon, prêtre de la Congrégation des Missions étrangères ; l’abbé Planchat. aumônier du patronage de Sainte-Anne, à Charonne ; l’abbé Allard, prêtre libre, aumônier d’ambulance ; l’abbé Seigneret, séminariste de SaintSulpice ; les RR. PP. Olivaint, Ducoudray, Clerc, Gaubert, de Bengy, de la Compagnie de Jésus ; les RR. PP. Radigue, Rouchouze, Tardieu, Tuffier, de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie ; les RR. PP. Captier, Bourard, Cotrault, Delhorme, Chatagneret, du Tiers-Ordre enseignant de Saint-Dominique à l’école libre Albert-le-Grand, d’Arcueil. Mêlons à ces noms celui du cher Frère Saguet, Frère des Ecoles chrétiennes, instituteur adjoint à l’école communale d’Issy.

Pour commémorer le cinquantième anniversaire de leur mort, M. Geoffroy de Grandmaison en raconta éloquemment les péripéties aux conférences Laënnec et Olivaint. Et des services furent célébrés, le 23 mai, pour l’abbé Deguerry, à la Madeleine, son église ; le 24, à Notre-Dame, pour Mgr Darboy et les autres otages. Ici et là, S. E. le cardinal Dubois présida et donna l’absoute. MM. Richard, curé du Gros-Caillou et Verdrie, curé de Sainte-Clotilde, prononcèrent les oraisons funèbres. Une délégation de la Garde Républicaine en tenue était présente. Cette corporation d’élite, si souvent à la peine pour la sauvegarde de l’ordre, eut en effet, elle aussi, ses victimes du devoir lors de la Semaine sanglante : trente-cinq de ses sous-officiers et soldats furent massacrés. Qu’ils soient avec les autres à l’honneur.

En 1848, l’abbé Deguerry, encore curé de Saint-Eustache, avait déjà été menacé de mort. Comme il entendait des émeutiers, arrêtés devant son presbytère, crier : « le curé à la lanterne », il ouvrit sa porte et, du seuil, les interpella. « Savez vous ce que c’est qu’un curé ? Eh bien, je vais vous le dire. Un curé, c’est le peuple en soutane ». Il fit là-dessus tout un discours, et, comme il était éloquent, on l’acclama. Mais l’éloquence n’a pas toujours tant de succès, il le vit bien plus tard.

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