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25/03/2014

Fac-similé d'un billet authentique

Après la première nuit passée dans sa nouvelle prison, le P. Clerc annonça à son frère son changement de domicile par un billet d’un laconisme significatif, écrit sous les yeux des guichetiers et des agents de la Commune:

A Clerc_Lettre a son frere (21 mai 1871).jpg

 

 

« Mon cher Jules,

« Hier, lundi 22, nous avons été déménagés et nous sommes actuellement à la Roquette, probablement pour plus de sûreté.

« J’ai vu cette nuit la lune et les étoiles, et je t’écris sur le rebord de ma fenêtre, sous le ciel bleu ; eu reste, ni table, ni chaise. La vie de l’homme peut être très-simplifiée.

« Nous ignorons nos nouvelles conditions d’existence ; elles paraissent ne pas nous faire un isolement aussi complet qu’à Mazas.

 

« 4e section, n° 6. Grande Roquette. »

RP Charles Daniel (1818-1893)

Nous publions ici, à titre de document, la notice nécrologique du R.P. Charles Daniel, parue dans Études religieuses, historiques et littéraires, des Pères de la Compagnie de Jésus, XXXe année, Tome LVIII, Paris Janvier-Avril 1893 (1).

Comme indiqué ci-dessous, le Père Charles Daniel fut le biographe du Père Alexis Clerc et fit paraître, en 1875, Alexis Clerc, Marin, Jésuite et Otage de la Commune, fusillé à la Roquette, le 24 mai 1871 – Simple biographie. [voir sur ce site]

 

oOo

 

NÉCROLOGIE

LE PÈRE CHARLES DANIEL

 

Le P. Charles Daniel, fondateur des Études, vient de mourir à Paris, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, âgé de soixante-quinze ans.

Né à Beauvais le 31 décembre 1818, il suivit avec succès les cours de droit, et, reçu docteur, entra en 1841 dans la Compagnie de Jésus. On l’appliqua d’abord à la formation littéraire des jeunes religieux de l’Ordre fonctions importantes qui étendirent ses connaissances, mûrirent son talent d’écrivain, et le préparèrent ainsi à l’œuvre principale de sa vie. En 1856, paraissaient pour la première fois les Études de théologie de philosophie et d’histoire, publiées par les PP. Charles Daniel et Jean Gagarin, de la Compagnie de Jésus, avec la collaboration de plusieurs autres Pères de la même Compagnie.

Les deux auteurs qui avaient pris l’initiative de cette publication, disaient en tête de la préface :

« Le volume que nous présentons au public n’est qu’un essai. Si notre dessein réussit, d’autres suivront à des intervalles plus ou moins rapprochés, et peu à peu notre recueil embrassera l’ensemble des connaissances qui peuvent utilement occuper un prêtre. »

De fait, les volumes suivirent régulièrement, les intervalles se rapprochèrent, et, succédant au recueil, une revue mensuelle étendit bientôt le champ de ses travaux « à tout ce qui est vrai, beau, honnête ».

Malheureusement, si l’œuvre a vécu, les ouvriers du premier jour ont presque tous disparu. Le volume de 1856 portait les signatures de six collaborateurs aux PP. Hélot, Gagarin, Godfroy, Tailhan, Daniel, un seul survit maintenant, le P. Jean Martinov, que nos lecteurs retrouvaient naguère encore fidèle, après trente-six ans, à la revue où il fit ses premières armes.

Le P. Daniel, qui avait conçu et créé les Études, en resta pendant longtemps le directeur et l’un des principaux rédacteurs. Autant et plus peut-être que personne, il contribua à surmonter les premières difficultés, et à préparer par d’heureux débuts des succès toujours croissants. D’une intelligence ouverte à tout, d’une érudition vaste et précise, d’un goût sûr et délicat, il sut mettre dans tout ce qu’il écrivit sur les sujets les plus divers un fond solide et une forme attrayante, d’une pureté classique et d’une fraîcheur toute moderne. Indépendamment de très nombreux articles de théologie, de philosophie, de littérature, d’histoire, qu’il a fait paraître dans les Études, il laisse plusieurs ouvrages d’un mérite et d’un intérêt durables.

Voici les principaux :

Des études classiques dans la société chrétienne (1853).

Histoire de la bienheureuse Marguerite-Marie, et des origines de la dévotion au Cœur de Jésus (1865).

Le Mariage chrétien et le Code Napoléon (1870).

Vie du P. Alexis Clerc, l’un des martyrs de la Commune (1876).

Les Jésuites instituteurs de la jeunesse française au dix-septième et au dix-huitième siècle (1880).

Peu de temps après cette dernière publication, la carrière littéraire de l’auteur s’arrêta. Dieu le faisait entrer dans celle du sacrifice, et il la lui choisissait telle par son âpreté et son effrayante solitude qu’elle put le conduire vite au détachement le plus absolu des créatures et à l’amour le plus pur du Créateur. Le P. Daniel était l’homme des relations aimables, des conversations enjouées et instructives; il fut réduit, par une surdité bientôt complète et rebelle à tous les secours artificiels, à ne plus entendre la voix humaine et à ne converser qu’à l’aide de l’écriture. De plus, affligé d’une cécité presque totale, il dut aussi déposer sa plume et se séparer des livres, ses vieux amis. Ses dernières années s’écoulèrent ainsi dans le silence et dans la nuit, alors que ses facultés intellectuelles avaient conservé toute leur vigueur. Il put dire cependant qu’il n’avait pas éprouvé un moment d’ennui ! C’est que, dans cette société de soi-même, dans ces entretiens avec ses pensées, ses connaissances acquises, ses souvenirs, il trouvait de quoi remplir la longueur des jours et des années ; c’est surtout que son âme de religieux puisait dans la prière et dans l’abandon au bon plaisir de Dieu, assez de force pour supporter cet ensevelissement prématuré, et assez de joie intime pour chasser la tristesse qui au dehors l’environnait de toute part.

Au soir du 31 décembre, il rappela avec bonne humeur au frère qui le servait, que c’était l’anniversaire de sa naissance; puis il se mit au lit à l’heure accoutumée. Le lendemain matin, au réveil de la communauté, ce même frère le trouva inanimé et déjà presque glacé, mais dans l’attitude naturelle et avec les traits calmes d’un homme qui a passé, sans s’en apercevoir, du sommeil à la mort.

Mort soudaine, mais prévue. Moins d’une semaine auparavant, il avait dit qu’il s’attendait à partir prochainement, et il s’était préparé comme si le médecin lui avait compté ses heures.

Tous les rédacteurs actuels des Études se sont fait un devoir de lui témoigner à l’autel, par un tribut spécial de suffrages, leurs regrets et leur reconnaissance. Ils invitent les lecteurs de sa revue à lui accorder, eux aussi, un souvenir et une prière.

r. de s.

 

 

(1) Disponible sur Gallica : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34415014q

 

 

Le Père Clerc dans la revue ETUDES (1875)

 

Dans la revue Études religieuses, historiques et littéraires par des Pères de la Compagnie de Jésus (1), nous avons retrouvé un article consacré au Père Clerc. Il s’agit en fait du Chapitre VII de la biographie du père Alexis Clerc par Charles Daniel.

Cependant, la courte introduction est inédite donne un bon aperçu de l’excellente considération dans laquelle était tenu le Père Alexis Clerc, en 1875.

 

LE PÈRE ALEXIS CLERC DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS

 

Un écrivain dont nous n’avons pas à faire l’éloge dans les Études va mettre au jour la vie d’une des plus sympathiques victimes de la Commune. Les amis du P. Clerc, ceux qui l’ont connu, ceux qui, par conséquent, l’ont aimé, le retrouveront tout entier dans ce portrait tracé par une main fraternelle mais équitable : nature franche, généreuse, ardente, cœur tendre et affectueux, esprit droit, intelligence élevée. Le P. Clerc fut tel dans toute son existence pendant qu’il vécut éloigné de Dieu, bien mieux encore, après sa conversion. Oui, à une époque de sa vie, il dut se convertir : né d’un père voltairien, élevé dans l’Université, il n’apporta à l’École polytechnique que des préjugés sur la religion, qui cependant ne paraissent pas l’avoir entraîné au-delà d’une froide indifférence. Dieu l’attendait à quelques années de là. À partir de 1846, Alexis Clerc devint un fervent chrétien sous l’influence de la grâce, ses progrès dans la vertu furent rapides et nul ne s’étonna de voir le lieutenant de vaisseau changer son brillant uniforme pour l’humble habit de religieux.

Nous avons choisi dans la Vie du P. Clerc le chapitre suivant, qui à l’avantage de former un tout complet joint celui de faire connaître l’état d’âme dans lequel se trouvait le marin au moment où il allait quitter sa carrière.

 

Suit le Chapitre VII. :

ALEXIS CLERC, LIEUTENANT A BORD DU CASSINI

DE LORIENT A CHANG-HAÏ (disponible ici)

 

 

(1) Tome huitième, 19e année, 5e série, Paris, 1875. Disponible sur Gallica : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34415014q